Photo attentat Kaboul : publier, recadrer, ou pas ?
Brève

Photo attentat Kaboul : publier, recadrer, ou pas ?

Mardi, un kamikaze s'est fait exploser au milieu d'une procession chiite à Kaboul. Bilan : 63 morts et plus d'une centaine de blessés, dont beaucoup de femmes et d'enfants. Un photographe de l'AFP était sur place. Les photos sont dures. Le lendemain, 7 décembre, elles sortent dans la presse internationale. La même image fait ainsi la Une du Los Angeles Times et du New York Times. Le Washington Post, lui, a choisi une image légèrement recadrée, souligne l'AFP. L'agence, elle, n'a pas rendu la photo disponible sur le fil qui envoie automatiquement ses images vers des sites de presse.

Les photos ont été réalisées par Massoud Hossaini, photographe afghan qui travaille pour l'AFP. Le 6 décembre, jour de l'attentat, sur son compte Twitter, il signale qu'il a été blessé à la main gauche lors de l'explosion, qui s'est produite derrière lui. Hossaini, 30 ans, est aussi de religion chiite. Il dit avoir pleuré devant l'horreur de la scène et tous les cadavres d'enfants et de femmes qui l'entouraient. Hossaini a déjà vécu un autre attentat tout aussi sanglant (70 morts en 2007), mais l'attentat de mardi lui a semblé pire. Il tremblait en faisant ses photos. C'est ce que raconte en détail un blog du New York Times, qui l'a interrogé par téléphone.

Mercredi 7 décembre, l'image la plus emblématique prise par le photographe est en Une du Los Angeles Times. Le cadrage original est presque respecté, même si l'image est un peu recadrée : on voit, au premier plan, le corps d'un bébé en jaune, la tête bien visible.

La Une du New York Times, elle, montre ce qui semble être la photo originale, un peu plus large sur le côté gauche et en bas.

En revanche, en Une du Washington Post, c'est une autre photo qui a été choisie. Prise quasiment au même moment, mais dont le bas a été coupé : on voit, au premier plan, le corps du bébé en jaune, mais son visage n'est plus visible. Sur le blog du Washington Post, David Griffin, le responsable photo du journal s'explique : "Le bébé qui est au premier plan, je pense que cela allait trop loin pour un quotidien qui est lu par des familles. Nous avons passé du temps à discuter de cette partie de l'image. Nous ne voulions pas trop recadrer pour éviter de perdre la sensation d'horreur dégagée par cette image."

Libération a publié la photo non recadrée en page intérieure.


L'AFP diffuse ses images à l'attention de la presse papier, mais aussi vers les sites de presse qui sont abonnés à son service. Compte tenu de la violence des images, des précautions particulières ont été prises, indique l'agence : "En France, la rédaction en chef centrale et la rédaction web & mobiles de l'AFP ont décidé de ne pas diffuser cette photo dans le journal internet, qui génère des publications automatiques sur les sites des abonnés."

"Comme on se refuse à recadrer les photos et que le journal internet de l'AFP est publié sur des sites grands publics, on a décidé de ne pas la diffuser", explique Florence Panoussian, responsable de la rédaction web & mobiles de l'AFP. Lorsqu'on a eu la photo de Kadhafi mort, il y a eu moins de débat, car nous n'avions qu'une seule photo et elle a été diffusée. Là, nous avions beaucoup d'autres photos, toutes bonnes, de l'attentat à Kaboul. Nous en avons donc choisi trois autres, tout aussi informatives mais moins violentes".

Mise à jour - 13h30 : dans une première version, nous indiquions que les trois journaux américains avaient choisi la même photo.

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