Charlie Hebdo dans la nuit du 2 novembre, les réactions des politiques et des médias sont unanimes : cette attaque contre la liberté de la presse est un acte que tous s'accordent à condamner. Petit tour des déclarations de tous bords.

Alors Charlie, "c'est dur d'être aimé par des cons" ? Au lendemain de l'incendie de ses bureaux, c'est peu dire que l'hebdo satirique s'attire le soutien de figures peu enclines à le défendre d'ordinaire, et qu'il ne s'est d'ailleurs jamais gêné pour railler. Au centre des déclarations, qui traversent l'échiquier politique et médiatique, la défense de la liberté de la presse et d'expression en général.

Sans surprise, la gauche a condamné. François Hollande remarque ainsi que "le combat pour la liberté d’expression demeure, hélas, d’une désolante actualité", tandis que pour Jean-Luc Mélenchon, "stylos et crayons sont des outils pacifiques, où l’humour, la caricature et l’auto dérision sont indispensables à la liberté d’opinion" et que Delanoë propose son aide au journal pour "retrouver des locaux pour pouvoir faire vivre son journal et sa liberté", comme nous le relevions ici.

Le ministre de l'Intérieur a précisé au sujet de "l'attentat" : "Et si certains croient pouvoir imposer une façon de voir dans la République française, qui n'est pas celle de la République française, ils se trompent, ils seront combattus. Les français n'accepteront pas cet impérialisme."

Le ministre attribue cet "attentat" aux islamistes. Car à la différence des "intégristes chrétiens", ces derniers, selon Guéant, "protestent" certes, "expriment aussi des opinions", mais, grande différence "ne brûlent pas". Une vision que Pascal Riché démonte sur Rue89, en rappelant notamment que des intégristes chrétiens avaient incendié le cinéma parisien Saint-Michel pour protester contre la projection du film La Dernière tentation du Christ de Martin Scorsese en 1988.

Du côté des médias, Yvan Rioufol du Figaro signe sur son blog un étonnant billet en forme de plaidoyer, intitulé L'attentat contre Charlie Hebdo est une agression contre la France. Il y dénonce un "nouveau fascisme" et une "régression obscurantiste". Soutien inconditionnel à droite, donc, pour un hebdo qui ne l'a pourtant jamais ménagée. Un comble, que ce tweet du compte satirique Humour de droite pourrait bien résumer :

Cette défense unanime tranche avec la réaction de certains médias pas du tout classés à droite. Ainsi Acrimed rappelait que ce cocktail molotov ne devait pas faire oublier celui lancé il y a une semaine contre un squat de Roms de la rue des Pyrénées à Paris, dont la presse s'est à peine fait l'écho. Guy Birenbaum, quant à lui, avoue sur son blog un désinterêt à peu près aussi fort pour ce feuilleton Charlie que pour la saga Goncourt, dans un article intitulé Cocktail Limonov.

Et dans sa chronique matinale, Daniel Schneidermann soulignait le "piège à con" dans lequel Charlie s'engouffrait : "La dénonciation de toutes les charias, les vraies, les fausses, les réelles, les imaginaires, est un fond de commerce comme un autre".

(Noëmie Le Goff)