Rastani, salaud idéal
Brève

Rastani, salaud idéal

Arrière toute. Alessio Rastani ne serait donc apparemment pas un trader vrai de vrai

, mais un "attention seeker", assure le Telegraph, qui a mené l'enquête...

et publie la photo accablante de son domicile, dans un quasi-coron de la banlieue de Londres picto

Le terme est difficile à traduire. Chercheur d'attention, comme chercheur d'or ? Disons, un gars qui, sans être professionnel ès canulars comme les Yes Men, a trouvé une super occasion de faire son intéressant (son intervention sous-titrée est ici). Il reste à la BBC, chaîne jouissant à l'étranger d'une excellente réputation, à expliquer pourquoi elle l'a invité, ce qu'elle n'est pas parvenue à rassembler dans la journée de mardi (ce qu'elle aurait intérêt à faire rapidement, si elle ne veut pas perdre son AAA).

La page tournée, restera aussi à comprendre pourquoi ce "trader qui prie pour le krach", ainsi crédibilisé par son invitation par la BBC, a provoqué une sidération générale en Europe. On aurait cru entendre monter, du peuple désespéré des internautes, une immense clameur: "enfin !" Enfin l'aveu, sans fioritures, sans échappatoire ! Enfin s'incarne le discours imprononçable dont on soupçonne l'existence, mais que n'assume jamais aucun locuteur public, ni Sarkozy, ni le président de Goldman Sachs (invisible), ni personne. Davantage encore que plausible, le discours de Rastani (servi par son image ambigüe, implacable et souriante à la fois, de bourreau-qui-aimerait-tant-vouloir-notre-bien) est une confirmation, et donc un soulagement. Enfin, il nous donne quelqu'un à haïr, et non plus seulement un système.

Revivant notre étrange soulagement accablé d'hier, nous comprenons mieux pourquoi la victime a besoin, au tribunal, des aveux circonstanciés du coupable. Pourquoi elle a besoin d'évaluer exactement, physiquement, son degré de conscience du mal. A cet égard, Rastani est un lumineux indicateur de la conscience du mal, chez le "trader cupide" que nous fantasmons. C'est d'ailleurs en cela que nous le ressentions aussi, confusément, trop haïssable pour être vraiment vrai. Le trader invisible, tel que nous pouvons le déduire, n'a pas de conscience. Il n'est que calculs, réflexes, anticipation d'anticipations, et jouissance. Symétriquement, les détenteurs d'un minimum de conscience ne sont pas traders. Ils finissent syndicalistes dans la banque, comme notre invité de la semaine dernière. Alessio Rastani, c'est la jonction inespérée, et explosive, d'une image de trader, d'une conscience et d'un discours, le discours du salaud qui assume, le salaud idéal.

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