Bettencourt : l'Elysée a fait espionner un journaliste du Monde
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Bettencourt : l'Elysée a fait espionner un journaliste du Monde

Oui, l'Elysée a fait surveiller le journaliste du

Monde Gérard Davet. Et oui, plusieurs hauts responsables de l'Etat ont menti pour couvrir ces agissements. Le Monde révèle ce matin sur son site web les suites de la plainte contre X pour violation du secret des sources, déposée il y a un an par le quotidien et son journaliste.

Pendant plusieurs mois, c'est le Parquet de Paris qui menait (sans précipitation) une enquête préliminaire. Finalement, en mai, une juge d'instruction, indépendante du pouvoir, a été nommée.

Et l'enquête a accéléré : alors que le Parquet n'avait jamais fait la moindre demande en ce sens, la juge a obtenu d'Orange une copie des réquisitions envoyées à l'opérateur téléphonique par les policiers de la DCRI pour obtenir les "fadettes", les "factures détaillées" de Davet. "La demande de la juge a été effectuée en urgence car il existait un risque de dépérissement des preuves – le délai de conservation des facturations détaillées (fadettes) des particuliers par les opérateurs téléphoniques n'excède pas un an", rappelle Le Monde.

Invité de France Info ce matin, le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a reconnu les faits, mais en soulignant qu'il s'agissait de "repérages de communications téléphoniques" ce qui est "tout à fait différent d'écoutes". Selon lui, il "s'agissait de rechercher l'auteur de la divulgation à l'intérieur de l'administration de procédures judiciaires, ce qui est tout à fait scandaleux."

Il se garde toutefois de dire si cela "est bien ou non" picto

"L'affaire de l'atteinte au secret des sources du Monde dans le traitement du dossier Bettencourt prend désormais la dimension d'une affaire d'Etat", s'emporte Le Monde. Dans son édito du jour, il relève que "le pouvoir n'a pas hésité à bafouer la loi" : "La législation sur les écoutes, d'abord, qui réserve la recherche des fadettes au cas, strict, où les intérêts de l'Etat sont en danger. Mais aussi et surtout la loi sur la liberté de la presse, dont la dernière réforme, du 4 janvier 2010 [voulue par Nicolas Sarkozy, ndlr], dispose qu'"il ne peut être porté atteinte directement ou indirectement au secret des sources" des journalistes.

"Le sommet de l'Etat a utilisé des moyens publics à des fins privées et pour protéger le parti du président, n'hésitant pas à détourner l'action des services policiers de leur véritable mission de protection des citoyens", dénonce le journal, qui rappelle qu'il y a un an, plusieurs proches du pouvoir avaient démenti toute action illégale : "«La DCRI, ce n'est pas la Stasi, avait dit à l'Assemblée nationale le 4 novembre l'ancien ministre de l'intérieur, Brice Hortefeux. L'objectif de la DCRI, ce n'est pas de suivre des journalistes.» Nathalie Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d'Etat à l'économie numérique, avait parlé, s'agissant de la surveillance de journalistes, «d'un vieux fantasme français" relayé par «les médias». Bernard Squarcini, interrogé par le JDD, avait nié s'être intéressé aux journalistes : «Les seuls journalistes qui m'intéressent sont ceux qui fricotent avec les services étrangers», avait-il déclaré. Jusqu'au chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, qui, interrogé le 16 novembre 2010 par des journalistes sur la possibilité que les services de police aient pu violer la loi sur le secret des sources, avait répondu : «Non, je ne l'imagine pas, je ne le crois pas…»"

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