Macaq : business des squats ? (Libération)
Brève

Macaq : business des squats ? (Libération)

Des squats très lucratifs.

Selon une enquête de Libération, parue ce matin, l'association parisienne Macaq (Mouvement d’animation culturelle et artistique de quartier), est accusée de pratiques contraires à sa vocation sociale.

Le mouvement utiliserait ses squats vides pour les sous-louer temporairement à des prix défiant toute concurence, et récupérer ainsi de l'argent, sous couvert de venir en aide aux mal-logés. Et ce alors même qu'elle bénéficie de subventions municipales, de l'ordre de 30.000 euros chaque année. Certains locaux auraient été loués à des magazines de mode ou à des sociétés de production. Un de ces squats dans le VIIIe arrondissement aurait ainsi rapporté 15.500 euros à Macaq entre fin 2007 et mi-2009, selon le quotidien.

Libération s'appuie sur des documents et des témoignages anonymes d'anciens membres de l'association. Comme ce mail, très explicite, de Julien Boucher, un des fondateurs de Macaq, qui explique aux autres membres de l'association les sous-locations d'un immeuble : «Au deuxième étage s’installeront Soleil Vert production et Pierre Guignard avec son association d’architectes. Troisième étage : activités de tournage plus studio photos. Quatrième étage : Gilles Béres [l’avocat de Macaq, ndlr]. Les serrures ont été rechangées sur l’escalier principal et celui de service. Des doubles seront mis à disposition après marquage des clés aux différents occupants des étages. Tout sera géré administrativement au 123,rue de Tocqueville [siège de Macaq, dans le XVIIearrondissement.]»

Ces activités lucratives n'auraient pas toujours été réinvesties dans les actions solidaires de l'association (insertion, vide-greniers, événements culturels...), accuse le journal. Boucher, aurait effectué des retraits d’argent non justifiés sur le compte en banque de Macaq entre 2008 et 2010, pour un total de "plusieurs milliers d'euros".

delanoë, un proche de la famille du fondateur de Macaq

Ces dérapages seraient rendus possibles par le réseau dont bénéficie le mouvement : "Le maire, Bertrand Delanoë, est un proche de la famille Boucher : la mère de Julien, Claude, est une de ses intimes. Idem au conseil régional. Macaq y dispose d’appuis de choix. Membre influent du collectif, Muriel Guenoux y est élue sous la bannière du Parti radical de gauche." Selon Libé, "L’association peut aussi s’appuyer sur le puissant réseau de Julien Bayou, - que nous avions invité sur notre plateau - élu d’Europe Ecologie-Les Verts, fondateur du collectif Jeudi noir et compagnon de route de longue date. Des mails en possession de Libération révélent les liens privilégiés entre ce dernier et le cabinet de Bruno Julliard, adjoint à la Jeunesse de Delanoë."

Le président de Macaq, Eric Debeir, dénonce auprès de l'AFP un "article gratuit, bâclé, présentant beaucoup d'allégations complètement fausses et qui présente les choses comme étant systématiques alors qu'elles ne le sont pas". Pour lui, ces pratiques de sous-location ont certes pu exister, mais dans le passé. "Il y a eu des locations dans un squat place Rio de Janeiro", dans le VIIIe arrondissement, admet-il, "mais ce n'était pas la même époque dans l'histoire de l'association". "Macaq n'assure plus de gestion de squat depuis 2009, il n'y a donc plus de location de ces lieux-là, ou de location illégale", a-t-il assuré à l'AFP. Quant aux dépenses présumées douteuses de Julien Boucher, il s'agit d'"accusations fausses et gratuites", a-t-il ajouté.

Ce n'est pas la première fois que cette association se retrouve au coeur d'une polémique. En janvier dernier, Macaq reconnaît avoir sous-loué une partie du squat parisien emblématique de la rue de la Banque (IIe) à une société de production audiovisuelle. L'association assure pour sa défense n'avoir "sous-loué qu'une seule fois", dans le but de payer les lourdes charges de l'immeuble. Depuis, Macaq rappelle avoir rendu les clés et reversé l'argent à Paris Habitat, l'office public de logement de la ville de Paris.

Echaudée par l'affaire des locaux sous-loués par Macaq rue de la Banque, la mairie de Paris a commandé en début d'année un rapport d'inspection sur les pratiques de l'association, qui sera publié "en septembre", selon l'AFP. "Si nous avions connaissance d'une quelconque irrégularité dans la gestion de l'association Macaq, au titre de ses activités menées en lien avec la mairie de Paris, nous en tirerions évidemment les conséquences sur la reconduction de sa subvention", souligne la Ville dans un communiqué. Chez Macaq, on se dit convaincu que ce rapport blanchira l'association.

Quels sont les moyens d'actions de Jeudi noir ? Retrouvez notre émission sur les nouvelles manière de militer de l'association, avec Julien Bayou.

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