Murdoch : Cameron sur le grill; mort d'un journaliste
Brève

Murdoch : Cameron sur le grill; mort d'un journaliste

Alors que Rupert Murdoch, son fils James, et l'ex-dirigeante du groupe Rebekah Brooks devaient témoigner mardi après-midi devant une commission parlementaire, la publication, par le bureau du premier ministre, d'une liste de 26 rencontres de Cameron avec les dirigeants du groupe met Cameron sur le grill. Cameron se trouve ainsi soupçonné d'avoir été juge et partie, alors que le gouvernement devait autoriser ou non, l'éventuel rachat des chaînes satellite BskyB par le groupe Murdoch.

Cependant, c'est la mort (inexpliquée) du premier journaliste de News of the World à avoir révélé l'étendue des écoutes pratiquées par son journal, Sean Hoare, qui fait la Une de toute la presse britannique.

 

Le Premier ministre a dû écourter son voyage en Afrique, pour rentrer ce mardi soir, et faire face au Parlement mercredi.

"David Cameron est de nouveau sous pression : il devra dire s'il a demandé l'approbation de l'administration avant de rencontrer James Murdoch et Rebekkah Brooks à Noël, alors que News Corp manoeuvrait pour racheter BskyB. Le Premier ministre doit répondre à des questions écrites pour savoir s'il a pensé à consulter le Civil Service sur l'opportunité d'une telle rencontre à un moment aussi sensible." écrit le Guardian.

Le Civil Service est l'administration qui assiste le gouvernement avec "honnêteté, objectivité, intégrité et impartialité."

C'est une chronique parue dans le Sunday Times (groupe Murdoch) sous la plume de Jeremy Clarkson (journaliste et présentateur de la BBC spécialisé dans l'automobile voir notre enquête sur lui) qui a révélé cette soirée chez Rebekah Brooks en présence de Murdoch et son épouse, près d'Oxford. Clarkson a eu beau tenter de dédramatiser ce "pique nique" familial de Noël -"Je me suis tu pendant six mois, mais je pense que le moment est venu de tout dire. Rebekah et Cameron ont surtout parlé - je suis un journaliste chevronné et je pense qu'il faut que les choses soient dites - des petits fours salés à la saucisse"- Cameron devrait répondre de cette révélation.

"Depuis des mois Cameron évite de répondre sur la soirée de Noël 2010 qu'il a passé avec l'état-major du groupe Murdoch" écrit le Daily Telegraph. Le "pique-nique", en effet, s'est déroulé 48 heures après que le ministre du Commerce Vince Cable, ait été dessaisi de l'épineux dossier BskyB après avoir été piégé en déclarant qu'il était "en guerre" avec Rupert Murdoch, sans savoir qu'il parlait à des journalistes . C'est Jeremy Hunt, le ministre de la Culture qui avait pris la suite, et donné son feu vert à la reprise.

Concernant cette décision, un énorme cadeau pour Murdoch qui occupait déja une position dominante sur le marché des médias britanniques (ce qui avait déclenché un tollé dans la presse britannique), Cameron avait répondu par écrit aux critiques de l'opposition le 17 février dernier, comme le signale le Guardian, en déclarant : "Je n'ai eu aucun rôle dans le processus. C'est une décision qui relevait du ministre de la culture de manière quasi-judiciaire et basée sur des faits. Une décision que lui seul a prise. La première fois que j'en ai entendu parler c'est lorsque la décision a été annoncée."

 

mort inexpliquée d'un journaliste

Ancien de News of the World, où il était en charge de la rubrique show business, Sean Hoare, a été retrouvé mort, hier matin à son domicile. La police enquête, mais sa mort reste inexpliquée. Le Guardian signale qu'il avait déclaré, peu de temps auparavant, qu'il s'était blessé en démontant une tente installée pour une réunion d'enfants dans un jardin. Il avait également confessé plusieurs fois une addiction à la drogue et à l'alcool.

Le 6 septembre 2010, dans une enquête du New York Times, Hoare fut le premier journaliste ayant travaillé à News of the World, à déclarer publiquement qu'Andy Coulson (ancien patron de News of the World puis chargé de la communication de Cameron jusqu'à sa démission en janvier) connaissait parfaitement l'étendue des écoutes pratiquées par son journal.

Au cours d'une interview à la BBC, rediffusée mardi matin par les chaînes d'information anglaises, Hoare avait ajouté que l'utilisation des écoutes était permanente à News of the World, que tout le monde était sous pression de la direction pour obtenir des informations croustillantes à n'importe quel prix, que lui-même avait subi des pressions pour y recourir et que "c'était le style de News International" nom de la filiale britannique en charge des journaux britanniques de Mudoch.

Le Guardian rappelle que, dans une autre interview au New York Times, Hoare a déclaré que les journalistes de News of the World, payaient des policiers pour localiser des personnalités en utilisant le signal émis par leur téléphone mobile, via la mesure de la distance entre le mobile et les antennes de téléphonie mobile les plus proches. Les journalistes obtenaient la réponse au bout de quinze à trente minutes, quelqu'un de la rédaction revenait en annonçant que "l'on" savait où "ils" étaient.

Prochaine étape du scandale des écoutes, mardi après-midi, avec le témoignage de Rupert Murdoch devant la commission d'enquête parlementaire. On verra si Murdoch osera répéter ce qu'il a déclaré, le 14 juillet dernier, à l'un de ses journaux, le quotidien américain Wall Street Journal.

Dans cette interview, Murdoch a salué la gestion de la crise News of the World par son fils James "Je pense qu'il a agi aussi vite qu'il a pu, quand il a pu" ajoutant que bien que son groupe, News Corporation, ait fait quelques "erreurs mineures", le groupe a "extrêmement bien géré la crise dans tous ses aspects."

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