La troublante affaire des singes photographes
Brève Vidéo

La troublante affaire des singes photographes

Tout le monde a probablement vu, le 5 juillet dernier, la photo de ce singe macaque auteur d'un autoportrait qui a fait le tour du monde :

L'histoire est la suivante : le photographe animalier David Slater s'est fait dérober, dans la jungle indonésienne, son appareil photo par des macaques qui ont pris une centaine de clichés à peu près tous flous, sauf ceux-ci :

Sur le site MailOnline, deux des trois photos sont créditées du nom d'une agence, Caters News Agency Ltd, laquelle gère les droits du photographe David Slater.

Et là, il y a comme un léger problème. Réfléchissons un peu. Qui a fait ces photos ? Le photographe ? Que nenni ! Ce sont les singes qui ont pris les clichés. C'est pourtant le photographe qui a autorisé l'agence à exploiter des images, dont il ne peut prétendre posséder les droits. Pourquoi ? Parce qu'il ne dispose d'aucune lettre de consentement de la part des singes photographes ! Or la loi amerlocaine dit :

"The copyright in the work of authorship immediately becomes the property of the author who created the work. Only the author or those deriving their rights through the author can rightfully claim copyright."

Traduction approximative : "Le copyright d'une oeuvre originale est la propriété de l'auteur qui a créé l'oeuvre. Seul l'auteur ou ceux qui possèdent les droits de l'oeuvre par l'intermédiaire de l'auteur peuvent se réclamer du copyright."

Un singe est-il juridiquement capable de se réclamer du copyright ? Cela paraît peu probable. De toute façon, ces photos n'appartiennent pas à David Slater. À qui appartiennent-elles, alors ? À personne, probablement. On peut supposer qu'elles font partie du domaine public. Ces points de droit ont été développés le 7 juillet sur le site Lowering the Bar, ainsi que sur le blogue techdirt.

Discussion absurde ? Sodomisation de diptère en vol géo-stationnaire au-dessus de la mare aux grenouilles ?

Extrait de l'album Mardi de David Wiesner,
Éditions du Père Castor, Flammarion

Pas tant que ça, car le 12 juillet, l'agence Caters News Agency Ltd a demandé à plusieurs sites et blogues, dont techdirt précédemment cité, d'ôter de ses pages les photos prises par les singes. Lequel blogue ne s'est pas laissé faire (voir par là l'échange de courriers qui s'ensuivit si vous lisez le dialecte grand-breton), a refusé d'ôter les autoportraits simiesques dont à l'évidence David Slater n'est ni l'auteur, ni le représentant légal des auteurs. Pour l'heure, l'agence n'a pas insisté dans sa démarche qui ne revêtait aucun caractère officiel (le mot "copyright" n'apparaît pas dans son courrier).

De quoi exciter maître Emmanuel Pierrat ou maître Éolas !

Mais voilà que l'affaire crée des remous dans le petit monde de l'industrie cinématographique grande-bretonne. On y murmure, en effet, que cette histoire d'autoportraits de macaques ne serait qu'une pub virale de plus pour La Planète des singes : les origines (Rise of the Planet of the Apes) qui sortira en août prochain.

Car il existe déjà cinq pubs virales pour ce film, où l'on voit des singes dotés de capacités extraordinaires : le premier tire à la Kalachnikov, le deuxième triomphe à un test d'intelligence, le troisième se sert d'une machette, le quatrième joue à un jeu vidéo et le cinquième est un gorille qui marche comme un humain.

Voici le singe à la Kalachnikov, les autres sont par là :

C'est à la mode, ces temps-ci. Précédemment, il y avait eu une vidéo virale où l'on voyait une lionne se saisir d'une caméra :

Et une autre, ou une mouette en faisait autant et survolait la ville de Cannes :

Les deux vidéos sont par là.

Alors ? Ces singes photographes ? Vidéos virales pour La Planète des singes : les origines, ou pas ? Si un jour David Slater se fait flinguer par un macaque, on aura la solution !


L'occasion de lire ma chronique intitulée Moi Tarzan, toi gêne.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.