Le jugement du tribunal de commerce de Paris rendu le 1er juillet 2011 a de quoi surprendre : une société qui accuse se retrouve à devoir payer des dommages et intérêts plus importants à la société mise en cause à l’origine. L'histoire commence en juin 2010 : la société Rentabiliweb, spécialisée notamment dans le micropaiement sur internet, assigne en justice une société concurrente Hi Media en raison de la modification d'une fiche wikipedia.

En juillet 2008, Rentabiliweb a en effet constaté que sa marque a été effacée des références qui figurent sur la fiche "micropaiement" de l'encyclopédie. Selon l'adresse IP relevée par Rentabiliweb, cette suppression a été faite à partir d'un ordinateur appartenant à son concurrent Hi Media. Pour ce préjudice, Rentabiliweb assigne en justice Hi Media et réclame 150 000 euros de dommages et intérêts. Mais en février 2011, la société Hi Media contre-attaque en demandant au tribunal de débouter Rentabiliweb de sa demande et en accusant à son tour la société de l'avoir elle-même dénigrée à plusieurs reprises.

Un an après le début de cette bataille juridique, le tribunal de Paris vient de mettre tout le monde d'accord. Pour avoir supprimé la référence "Rentabiliweb" sur la fiche de wikipedia, la société Hi Media a été condamnée à 25 000 euros au titre de dommages et intérêts. Mais de son côté, Rentabiliweb a également été condamné au bénéfice d'Hi Media : pour dénigrement et pour parasitisme. Car la société à l'origine de cette bataille judiciaire n'est pas non plus exempte de tout reproche.

Rentabiliweb décroche également deux condamnations

Dans son compte-rendu, le tribunal explique ainsi que "fin 2010, des rumeurs ont couru sur la cession par Hi Media, société cotée, de sa filiale Allopass spécialisée dans les micro paiements. Le 14 décembre 2010, le président de Rentabiliweb a contacté celui de Hi-Media pour lui faire part de son intérêt dans l'acquisition d'Allopass". Une transaction semble possible entre les deux sociétés concurrentes. Mais coup de théâtre, les 29 et 30 décembre 2010, le site Strategies.fr et le journal Les Echos indiquent que "Rentabiliweb, le « pure player » Internet fondé et présidé par Jean-Baptiste Descroix-Vernie, n'est « absolument pas intéressé » par le rachat d'Allopass, la plate-forme de micropaiement mise en vente par Hi-Media, confirmant une information du site Wansquare. Il estime qu'Allopass est en perte de vitesse".

Des propos aussitôt dénoncés par Hi Media qui accuse Descroix-Vernie de tentative de déstabilisation. Et la justice vient de donner raison à Hi Media : "Il s’agit d’actes graves car susceptibles de diminuer l’intérêt potentiel d’autres acquéreurs d’Allopass, et donc le prix de cession de cette activité, et d’avoir une incidence négative sur le comportement boursier d’Hi-Media", indique le tribunal de commerce de Paris. Verdict : Rentabiliweb est condamné à verser 50 000 euros de dommages et intérêts à Hi Media. Et ce n'est pas tout, car dans sa stratégie de dénigrement de son concurrent, Rentabiliweb a également été condamné pour avoir acheté le mot clé "Allopass" (marque de son concurrent) sur Google pour rediriger vers le site de Rentabiliweb ce qui "constitue un acte de parasitisme et de concurrence déloyale" pour le tribunal de commerce qui condamne Rentabiliweb à verser de nouveau 50 000 euros à Hi Media pour le préjudice.

Résultats des courses après cette cascade de condamnations (25 000 euros pour Hi Media et 100 000 euros pour Rentabiliweb), "les comptes entre les parties seront soldés par un unique paiement de 75 000 €" de Rentabiliweb à Hi Media indique le jugement. C'est ce qui s'appelle une belle opération de com' manquée pour Rentabiliweb !