Les dérives d'une ONG écolo américaine (Bastamag)
Brève

Les dérives d'une ONG écolo américaine (Bastamag)

Monsanto, BP, Total ou Walmart. Ils ont tous fait appel à une ONG américaine, Conservation International, pour "verdir" leur image (mais pas leur mode de fonctionnement) en échange de dons substantiels. Comme le relève le site Bastamag.net, le magazine anglais Don't panic a même découvert que l'ONG était prête à conseiller "le vendeur d’armes Lockheed Martin pour recycler les éclats d’obus ramassés sur les champs de bataille" contre un bon chèque.

Une dérive qui serait le lot de nombreuses ONG environnementales, selon une journaliste qui connaît bien le secteur.

Les journalistes du magazine anglais Don't Panic se sont fait passer pour des représentants de Lockheed Martin, entreprise américaine qui fabrique des avions de chasse et des bombardiers. Sur la base d'un pseudo projet de recyclage d'obus, l'ONG environnementale Conservation International a proposé au marchand d'armes d'entrer dans son "Conseil du Business et de Soutenabilité" (dont fait partie Shell et Monsanto entre autres) en échange d'un chèque de 37 500 dollars. Et pour 240 000 dollars de plus, l'ONG a proposé d'autres opérations de sponsoring pour verdir son image.

Pour Christine MacDonald, journaliste et auteur du livre Green. Inc, et qui connaît l'association de l'intérieur pour y avoir travaillé quelques mois, il n'y a rien d'étonnant. "Conservation International (CI) et ses rivaux parmi les grosses associations de préservation de l’environnement, ont perdu de vue leur mission dans la compétition qu’elles se mènent pour récolter des dons d’entreprises", explique-t-elle à Bastamag. Dans ce cas précis, la journaliste relève que la responsable de l'ONG n'a même pas suggéré au marchand d'arme d'améliorer ses pratiques environnementales. Toute la discussion tournait autour de la com'. Et MacDonald explique que l'exemple de Conservation International n'est pas un cas isolé : "Pour ces groupes de conservation, il est «sexy» de recruter des donateurs du monde de l’entreprise, et recruter les entreprises les plus polluantes est ce qu’il y a de plus «sexy». En accumulant les partenariats, les organisations gagnent du prestige : elles disent qu’elles sont écoutées par le monde de l’entreprise et qu’elles sont donc en train de les influencer vers un plus grand respect de l’environnement. Et puisque les ONG sont de plus en plus nombreuses à chercher à attirer ces fonds, il y a ainsi une véritable compétition entre elles. Elles fonctionnent selon le même modèle que les grosses entreprises, avec des présidents, un conseil d’administration, une hiérarchie verticale. Mais elles ne fabriquent et ne vendent rien. Seules leurs marques, qui sont reconnues par beaucoup de monde, peuvent leur rapporter de l’argent".

Ces critiques ne sont pas nouvelles. Le journaliste Fabrice Nicolino, auteur d'un livre intitulé Qui a tué l'écologie, dénonce régulièrement sur son blog les dérives de ces ONG, et notamment de WWF. En mai dernier, il évoquait par exemple un documentaire allemand qui dénonçait les partenariats de WWF avec Monsanto (producteur d'OGM) ou avec une entreprise qui détruit les forêts de Bornéo où vivent les orangs-outans, alors que le WWF fait des appels aux dons pour sauvegarder l'espèce.

L'occasion de revoir notre Ligne J@une collector sur les écolos avec Fabrice Nicolino.

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