Au Japon, il arrive fréquemment que retentisse une alerte sur les téléphones portables, les télévisions, les ordinateurs, etc. Voici alors l'icône qui s'affiche :

Le blogue Tremblement et stupeur - Vivre au Japon après la catastrophe nous apprend, en date du 13 avril dernier, qu'on l'appelle Kinkyu-jishin-sokuhou, Alerte au tremblement de terre. Une alerte qui ne cesse de retentir depuis un mois, annonce des multiples répliques de la secousse (le site developpement-durable.gouv.fr en dresse la liste détaillée).

L'animal représenté est un poisson-chat vu de face :

Image issue du blogue Tremblement et stupeur

Pourquoi cet animal est-il associé au tremblement de terre ? Parce que selon la légende, l'archipel nippon repose sur le dos d'un poisson-chat géant, namadzu, qui vit dans la vase des profondeurs de la terre. Le dieu Kashima Daimyojin le surveille, sauf que parfois il s'endort. Le poisson-chat en profite alors pour s'agiter en tous sens et la terre tremble :

Le dieu Kashima contrôle le poisson-chat grâce à la pierre de fondation, gravure sur bois

Cette légende n'est pas qu'un lointain souvenir, elle est présente dans la vie quotidienne. Ainsi, dans la préfecture de Tokyo, c'est l'image d'un poisson-chat que l'on peut voir sur les panneaux routiers signalant les routes fermées en cas de risque majeur de tremblement de terre :

Et le pictogramme Kinkyu-jishin-sokuhou se retrouve un peu partout. Ici, sur le site internet de la ville de Yokohama :

Les liens en rouge renvoient vers des fichiers .pdf décrivant les consignes de sécurité à observer en cas de tremblement de terre.

Ci-dessous, voici un daruma représentant un dieu posé sur un poisson-chat. Le daruma est une figurine en papier mâché censée exaucer un voeu, qui se vend ordinairement dans les temples. On trace au pinceau un premier oeil noir au moment où l'on émet le voeu, et le second quand celui-ci est exaucé :

Voici enfin une estampe célèbre, oeuvre d'Utagawa Kuniyoshi, publiée vers 1842. C'est une forme d'énigme, il faut reconnaître le mot namadzu, poisson-chat, écrit avec des chats. La solution est dessinée en haut à gauche :

L'occasion de lire ma chronique intitulée Le poisson-chat, la vague et l'atome, où il est question du tremblement de terre et du raz-de-marée de Fukushima. Ou celle intitulée Kit de survie dans le monde des Pokémon à l'usage des parents pas trop pressés parce que là aussi, on puise à pleines brassées dans les figures mythologiques nippones.