Déficit US dégradé par agence de notation : presse US discrète
Brève

Déficit US dégradé par agence de notation : presse US discrète

Obama, sous surveillance des agences de notation ? La célèbre agence de notation Standard & Poor's fait passer son appréciation de la dette des Etats Unis de «stable» à «négatif». Conséquence: les bourses du monde entier baissent. Un vrai cadeau pour les Républicains américains qui négocient pied à pied pour obliger Obama à faire des coupes sombres dans son budget. La presse américaine n'en fait pas pour autant ses gros titres.

Une agence de notation dégarde les Etats-Unis. Et pourtant, le New York Times d'aujourd'hui ne consacre qu'une colonne à la Une à cette information, avant de renvoyer en page 9 de son deuxième cahier. Pas un mot dans la page des éditoriaux. C'est donc à la 35e page du journal que l'on peut lire: "Les analystes estiment qu'il n'y aura pas de conséquences immédiates à l'atttitude de S&P. (...) La prise de position de S&P va apporter un sentiment d'ugence au débat sur l'austérité fiscale". Rien d'autre, pas même une analyse de l'économiste Paul Krugman.

 

Pas mieux dans le Washington Post. Un petit titre sur deux colonnes à la Une renvoie à la page 11.

Comme la presse, le monde politique américain et les élus profitent des vacances de Pâques, y compris le Congrès qui a suspendu ses travaux.

Les chaînes d'information, elles, réagissent bien sûr. Exemple avec le sénateur républicain Mark Kirk (Illinois) qui répond aux questions de Fox News. Il souligne que l'Amérique risque de connaître les mêmes soucis que certains pays européens et déclare qu'Obama devrait immédiatement rappeller le Congrès (en vacances de Pâques actuellement) pour voter une réduction du budget, et diminuer le déficit.

"Cet avertissement montre qu'il faut faire beaucoup plus d'économies que nous n'en avons fait jusqu'à présent"

Avec son accent inimitable, Russ Limbaugh, le chroniqueur conservateur trouve une nouvelle raison de dénoncer Obama : "Le régime Obama plonge (...) S&P dit au monde qu'Obama est un désastre. (..) C'est de cela dont il s'agit (...) C'est un jugement politique (...) Obama a été élu parce qu'il était présenté comme un réformateur (...) il ne fera jamais ce qu'il faut pour notre société (...) Il ne changera pas" avant de s'en prendre aux syndicats et à l'immigration illégale.

 

 

"Les Etats Unis reçoivent un avertissement pour l'importance de leur dette"

Il faut se tourner vers l'édition américaine du Wall Street Journal pour trouver un titre principal sur le sujet, mais le principal quotidien économique américain ne semble pas trop inquiet de la réaction de S&P, soulignant qu'elle survient alors qu'Obama et les Républicains sont en plein affrontement.


 

Le graphique indique le pourcentage du déficit budgétaire 2010 par rapport au Produit Intérieur Brut qui atteint 10,6 % pour les USA, 10,4 % pour le Royaume Uni, 7 % pour la France, 5,5 % pour le canada, 4,6 % pour l'Australie et seulement 3,3 % pour l'Allemagne.

"S&P sonne l'alarme pour la dette US" dit le titre du britannique Financial Times.

L'information fait la Une du Financial Times avec une photo du Capitole qui abrite le sénat et le congrès américains à Washington.

"Un pilier du système financier mondial mis en place après la seconde guerre mondiale a tremblé quand Standard & Poor's a baissé sa note sur la dette souveraine des Etats Unis pour la première fois. L'agence maintient sa note AAA. Mais pour la première fois, depuis 70 ans qu'elle juge la dette US, elle a passé son appréciation de «stable» à «négatif»"

L'information est à la Une de plusieurs quotidiens français.



C’est un avertissement sévère que les Etats-Unis ont reçu. L’agence de notation Standard & Poor’s a assigné une perspective négative à la note souveraine du pays. S&P pourrait dégrader sa note AAA d’ici à deux ans si le gouvernement américain ne met pas en place un plan d’austérité avant 2013. Ni le récent bras de fer des parlementaires sur les réductions budgétaires pour l’exercice 2011 ni l e pl an présenté par Barack Obama la semaine dernière pour réduire le déficit budgétaire de 4.000 milliards de dollars sur douze ans ne semblent donc vraiment convaincre, alors que la dette fédérale va dépasser le plafond de 14.300 milliards de dollars fixé par le Congrès. La décision de Standard & Poor’s a provoqué un coup de tabac sur les marchés : le Dow Jones s’est replié de 1,14 % en clôture. Les Bourses européennes, déjà inquiètes d’une restructuration de la dette grecque, ont aussi accusé le coup, l’indice CAC 40 perdant notamment 2,35 %. La séance a été extrêmement volatile sur les devises, tandis que l’or a touché un plus haut historique.

"C’est un avertissement sévère que les Etats-Unis ont reçu. L’agence de notation Standard & Poor’s a assigné une perspective négative à la note souveraine du pays. S&P pourrait dégrader sa note AAA d’ici à deux ans si le gouvernement américain ne met pas en place un plan d’austérité avant 2013. Ni le récent bras de fer des parlementaires sur les réductions budgétaires pour l’exercice 2011 ni le plan présenté par Barack Obama la semaine dernière pour réduire le déficit budgétaire de 4.000 milliards de dollars sur douze ans ne semblent donc vraiment convaincre, alors que la dette fédérale va dépasser le plafond de 14.300 milliards de dollars fixé par le Congrès."

"La décision de Standard & Poor’s a provoqué un coup de tabac sur les marchés : le Dow Jones s’est replié de 1,14 % en clôture. Les Bourses européennes, déjà inquiètes d’une restructuration de la dette grecque, ont aussi accusé le coup, l’indice CAC 40 perdant notamment 2,35 %."

pictoLes Echos mardi 19 avril 2011

"L’alerte sur la dette américaine mine les marchés financiers" titre La Tribune page 18 "La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans les salles de marché. Une demi-heure avant l’ouverture de Wall Street, ce lundi, l’agence de notation Standard and Poor’s a abaissé sa perspective sur la dette américaine à « négative », ouvrant ainsi la voie à moyen-terme à une dégradation de sa note (AAA)."

"Le Congrès va devoir rapidement se saisir du plafond de la dette fédérale, qui devrait être touché le 16 mai selon les estimations du Trésor. Sans entente pour relever cette limite légale, les États-Unis pourraient se retrouver en situation de défaut de paiement sur leur dette au début de l’été."

L'éditorial page 31 souligne "L’agence (américaine) de notation Standard and Poor’s a osé l’impensable : placer la sacro-sainte note AAA des États-Unis sous « perspective négative ». Tout le monde l’attendait, mais personne n’y croyait vraiment. C’est donc fait ! L’affront est d’autant plus spectaculaire qu’il intervient en pleine bataille budgétaire au Congrès américain, avec une offensive sans précédent des républicains en faveur d’une réduction massive des dépenses fédérales." mais il constate "Les États-Unis ne peuvent pas faire défaut car ils pourront toujours, en principe, faire tourner la planche à billets pour honorer une créance".



Dans le reste de l'Europe, la note de S&P ne fait pas de gros titres, sauf en Grèce, pays accusé d'être le plus mauvais élève de la Communauté Européenne.

Naftemporiki cite la baisse de l'appréciation de S&P dans le gros titre qui barre la page, illustrée par un graphique qui montre la baisse plus ou moins importante des différentes places boursières mondiales hier lundi.

pictoNaftemporiki mardi 19 avril 2011

A la Une de Kathimerini, un autre quotidien grec, l'éditorial ironise en rappellant les propos d'un sénateur américain dont l'auteur du texte dit avoir oublié le nom, qui déclarait "Nous ne pouvons pas laisser notre pays finir comme la Grèce" L'éditorial reconnaît que la Grèce a fait des erreurs, mais s'emporte contre "le discrédit qui frappe la Grèce, et la manière dont elle a été traitée politiquement et économiquement"

Mise à jour mardi 19 avril 18h30 : sur son blog, l'économiste Paul Krugman, considére que l'avis de S&P n'a aucune incidence et souligne que S&P avait dégradé la note du Japon en 2002  et que cela n'a eu aucun effet sur le taux de ses bons à 10 ans, comme le montre un graphique.

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