Presse médicale : articles censurés par les labos ? (Lemonde.fr)
Brève

Presse médicale : articles censurés par les labos ? (Lemonde.fr)

Effets secondaires du Mediator, suite. On connaissait le scandale sanitaire, le problème de la proximité entre les autorités de contrôle et les labos, place maintenant à la question de l'influence des labos dans la presse médicale. On avait déjà des doutes sur l'indépendance du secteur en raison du silence des grandes publications (à l'exception de la Revue Prescrire) à propos du Mediator. Des soupçons de connivence donc, mais il manquait des témoignages de l'intérieur. C'est chose faite aujourd'hui : "Une journaliste dénonce une censure des labos dans la presse médicale", explique Lemonde.fr.



La journaliste en question s'appelle Virginie Bagouet. Elle travaillait depuis février 2008 pour le magazine Impact médecine, destiné aux généralistes. Après plusieurs mois de conflit avec sa hiérarchie, elle a fini par quitter la publication et a décidé de parler : "Mails et pièces à l'appui, la journaliste dénonce en effet des censures, explicites ou implicites, de son travail, notamment par rapport à Servier", indique le Monde.fr. Elle doit être entendue ce mardi 5 avril par la mission d'information du Sénat sur le Mediator.

Après la publication de l'étude de la CNAM sur la mortalité du médicament, le magazine n'en a par exemple pas rendu compte. "Notre rédactrice en chef a accepté qu'une des journalistes fasse un article. Mais son papier, très factuel, n'a finalement pas été publié. Raison invoquée par la rédaction en chef : «C'est trop sensible»", raconte Virginie Bagouet.

Autre exemple : un article sur un médicament du laboratoire Servier. "J'ai été envoyée, fin août 2010, suivre un congrès de cardiologie à Stockholm, où était présentée une étude importante de Servier sur un de ses médicaments, le Procoralan. L'article que j'ai écrit a été envoyé en relecture à Servier pour «validation scientifique», raconte la journaliste.
J'étais en copie des mails, j'ai vu la relecture par le laboratoire. Des modifications ont été apportées, dont une erreur". Et lorsqu'elle a demandé des explications, la rédactrice en chef lui aurait répondu que "Servier est content".

Pour quelles raisons le magazine aurait-il voulu satisfaire le labo ? "Je n'ai pas le chiffre précis mais la publicité des laboratoires représente l'essentiel des revenus de la revue", précise la journaliste au Monde.fr. "A chaque fois qu'on a voulu parler du Mediator, on nous a répondu que, la dernière fois que le journal avait critiqué Servier, celui-ci n'avait plus commandé de publicité durant six mois, mettant en péril les finances."

Du côté d'Impact médecine, on nie toute tentative de censure : "Nous ne faisons pas valider nos articles par Servier, ni par aucun autre laboratoire. Il peut arriver qu'il y ait relecture, au niveau scientifique, par des experts, pour des précisions techniques. Les conférences sont souvent en anglais et on décrit rapidement des choses complexes, qui peuvent nécessiter des éclaircissements", indique la directrice de la rédaction, Anne Prigent.

Contacté par Lemonde.fr, le président de la mission d'information parlementaire sur le Mediator, Gérard Bapt, avoue son impuissance : "Il est difficile d'encadrer les pratiques de la presse médicale. On évoque la possibilité d'imposer des espaces de publication pour les agences officielles mais cela n'aura pas un impact énorme. Ce sont les instances de régulation de la publicité qui devraient agir." Tout au plus espère-t-il que les médecins sauront prendre leur distance avec des articles qui ne sont bien souvent que "du matraquage pour certains produits".

L'occasion de revoir notre émission consacrée à la revue Prescrire, considérée comme la seule publication médicale véritablement indépendante.

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