Sur la baisse du Front National
Brève

Sur la baisse du Front National

Et ils récidivent ! A peine les résultats du second tour étaient-ils connus

, que France 2 dégainait dimanche soir un nouveau sondage d'intentions de vote à la présidentielle, gonflant DSK à l'helium. Effrontément, obstinément, ils continuent de prendre les gens pour des imbéciles. Ils pourront en publier cent, en publier mille, de ces sondages "testant" un homme politique qui n'est pas encore candidat, et n'a pas avancé l'ombre d'une proposition présidentielle, les croira-t-on davantage ? "Les gens", Dieu soit loué, les regardent de plus en plus sans les voir, ces sondages opaques tombés du ciel, dont les sondeurs et les clients continuent de cacher soigneusement les données brutes, et de s'abstenir de rappeler les marges d'erreurs. Intoxicateurs publics, ceux qui commandent et diffusent ces sondages ! Intoxicateurs publics, ceux qui les reprennent.

Le plus compliqué, dans ces intoxications, c'est de démêler celles qui sont volontaires, et les intox dans lesquelles les intoxicateurs s'intoxiquent eux-même. Sur France Inter, lundi matin, Martine Aubry rappelait une simple réalité: en nombre de suffrages, le Front National a baissé entre le premier tour de 2004, et le premier tour de 2011. Oui, vous avez bien lu, baissé (d'où le titre, aguicheur mais exact, de ce billet). Il y a eu moins de bulletins FN glissés dans l'urne en 2011, qu'en 2004 (1 490 315 contre 1 379 902, plus de 100 000 voix perdues). Soyez honnêtes: combien d'entre vous le savaient ? En tout cas pas moi. Je ne l'ai réalisé qu'en fin de semaine, à la lecture...de nos forums. Vous me direz: j'aurais pu simplement regarder le site du ministère de l'Intérieur. C'est vrai. Mea culpa. En ne rappelant pas cette donnée élémentaire, préalable de toute analyse sérieuse, nous nous sommes fait, à notre toute petite place, complices passifs de l'intoxication. Mais si vicieux est l'emballement, qu'il peut court-circuiter les réflexes les plus élémentaires.

Qui a intérêt à l'emballement Le Pen ? On pourrait épiloguer à l'infini, imaginer de savantes stratégies. Je crois plus simplement que le FN, comme le disait il y a quelques semaines un sondeur sur notre plateau, est "la zone érogène de la politique française", comme l'était Sarkozy aux alentours de 2007. Une zone d'irrésisitible excitation et de perte des facultés de raisonnement, à laquelle bien peu résistent. Parmi ceux qui résistent, d'ailleurs, et parviennent à conserver un discours articulé face au phénomène, un certain Emmanuel Todd, bien connu dans ces contrées. Je vous conseille d'aller lire ce qu'il en dit à Marianne2 (en substance, que le vote Le Pen s'explique désormais au moins autant par des motifs économiques, que de racisme ou de xénophobie). Même si la thèse souffre, à mon sens, de raisonner exclusivement sur les pourcentages, et pas sur le nombre de bulletins en valeur absolue, quelque chose me dit qu'on n'a pas fini d'en débattre.

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