Selfies à Gaza : "L'armée israélienne a embarqué des influenceurs"
Télécharger Écouter
L'émission
Télécharger Écouter
  • Avec
    Samuel Forey et Sarra Grira
  • Presentation
    Paul Aveline
  • Préparation
    Adèle Bellot
  • Réalisation
    Antoine Streiff
Offert par le vote des abonné.e.s

Le 7 mars, date de l'enregistrement de cette émission marque le début du sixième mois de l'opération militaire menée par Israël dans la bande de Gaza. Des dizaines de milliers de morts plus tard, comment l'État hébreu communique-t-il ? Si dans les premières semaines, les images venues des Gazaouis étaient nombreuses, elle se raréfient : les journalistes ont été tués dans des bombardements, ou ont dû fuir. Ces vidéos et photos venues des habitants de Gaza, ont été peu à peu remplacées par d'autres, prises et diffusées par les soldats israéliens eux-mêmes. Ils se filment au milieu des ruines, pillant des maisons détruites ou dansant, dans des formats calibrés pour les réseaux sociaux.

Que dit ce nouvel afflux d'images de l'armée israélienne ? De son rapport à Gaza et aux Palestiniens ? Israël a beau promettre des enquêtes, difficile de comprendre si ces soldats échappent à tout contrôle, ou si au contraire ils répondent à une nouvelle stratégie de conquête par l'image. Pour tenter d'y voir plus clair, nous recevons Sarra Grira, journaliste et rédactrice en chef du journal en ligne Orient XXI et Samuel Forey (en visio), journaliste indépendant travaillant pour le Monde depuis Jérusalem.

L'humiliation des Gazaouis

Parmi les vidéos les plus vues, celle d'un soldat israélien déguisé en dinosaure, qui charge un obus dans un char avant que celui-ci ne tire. Pour Samuel Forey, "ces images servent pour nourrir un public israélien" mais circulent aussi beaucoup chez les Palestiniens : "Imaginez la colère et l'humiliation que peuvent ressentir les Palestiniens de Gaza en voyant quelqu'un grimé en dinosaure qui les bombarde"

Des influenceurs "embedded"

"Il y a tout un travail de production" derrière ces vidéos, rappelle Sarra Grira, qui pointe un autre élément majeur de la communication israélienne : "L'armée a embarqué des influenceurs avec elle. Des gens qui ont des milliers de followers sur Instagram, qui se sont retrouvés en train de partager une glace et de rire avec l'armée israélienne pendant qu'ils lançaient des obus sur des maisons à Gaza." Des chansons de rap, aux paroles haineuses, ont même été produites. 

Le contrôle du corps des Palestiniennes

Sur leurs comptes instagram ou Facebook, des soldats israéliens s'affichent avec leurs prises de guerre : vêtements, bijoux, biens en tout genre. Mais certaines photos ont particulièrement choqué : on y voit des soldats s'afficher avec les sous-vêtements de femmes palestiniennes volés au cours des pillages. Pour Sarra Grira, ces gestes s'inscrivent dans la droite ligne de la logique coloniale à l'oeuvre à Gaza : "On est vraiment là, dans les codes coloniaux, de prendre comme butin de guerre tout ce qui relève des femmes de l'ennemi, s'approprier ça, fantasmer aussi sur les femmes colonisées."

Piller est-il compatible avec la religion ?

Des soldats qui posent avec les symboles du judaïsme, la menorah et la Torah, ou qui prient au milieu des ruines : la religion est une composante essentielle du conflit en cours. Mais comment concilier cette dimension avec les pillages ? Samuel Forey explique que certains rabbins ont eu à se prononcer sur la question pour rassurer les soldats, ou au contraire les dissuader : "Il faut rester de bons religieux n'est-ce pas ? Le retour des rabbins était plutôt «non non, ne prenez rien», mais il y a un rabbin qui a dit «prenez tout». C'est un rabbin, Shmuel Eliyahu, ultraradical. En fonction de ce dont on a besoin, si on veut ne pas piller, on peut trouver les discours de rabbin qui incitent à ne pas piller. On a aussi l'inverse. Tout cohabite."

Pour aller plus loin 

- L'enquête d'Orient XXI sur cette nouvelle forme de communication chez les soldats israéliens. 
- Celle de Samuel Forey sur le même sujet (et ses autres reportages sur place). 
- Notre dossier sur le 7-0ctobre et l'attaque israélienne sur Gaza. 


Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Gaza : pourquoi les JT ont si peu parlé de Jabalia et Al-Aqsa

Indignation sur les réseaux suite à la diffusion de vidéos très violentes. Deux minutes aux JT de TF1 et France 2 sur 10 jours

"Mon colonel, bonsoir" : à la télé, l'omniprésent Olivier Rafowicz

Le porte-parole de l'armée israélienne, interlocuteur privilégié des chaînes d'info

Israël : Hanouna utilise un message anonyme (et faux) pour salir Mbappé

Tout en se défendant d'y croire, il fait quand même lire le message à l'antenne

Gaza : autopsie d'une interview de France Culture

Face à un journaliste palestinien et deux expert·es, Guillaume Erner et "le narratif israélien"

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.