"Faire de la politique, c'est critiquer les médias"

Arrêt sur images

Le phénomène Jon Stewart, à la loupe

L'émission
Deux cent mille personnes rassemblées à Washington le week-end dernier à l'appel d'un humoriste et présentateur télé, Jon Stewart. C'était un peu plus que pour un autre rassemblement organisé par un autre présentateur télé, Glenn Beck de Fox News, le 28 août au même endroit. Humoristes et "téléditorialistes" américains vont-ils dévorer les journalistes ? Et même les hommes politiques ? Quelle est la nature exacte de leur influence ?

Pour évoquer le rôle et la place de Jon Stewart et Glenn Beck (que nous avons présentés ici), nous avons invité Lucas Armati, un journaliste de Télérama qui a consacré une enquête à Fox News, la télé anti-Obama; Guillemette Faure, journaliste aux Inrockuptibles, jadis correspondante aux Etats-Unis, notamment pour Le Figaro; et John von Sothen, journaliste américain installé en France, qui a aussi été scénariste télé et… humoriste new-yorkais. Il signe un article éclairant sur l'infotainment américain dans le magazine GQ ce mois-ci.

L'émission est animée par Daniel Schneidermann, réalisée par François Rose et préparée par Dan Israel.
Chroniqueur : Didier Porte.

La vidéo dure 50 minutes.

Jaloux, Didier Porte ? Notre chroniqueur tient à rappeler, au nom de sa profession, que l'hexagone regorge de talents comiques… chez les politiques (acte 1).

Jon Stewart est une star aux Etats-Unis, c'est entendu. Mais qui est-il ? Il se revendique comédien, et surtout pas journaliste. Ce qui ne l'a pas empêché de recevoir Barack Obama une semaine avant les cruciales élections de mi-mandat, et de lui poser de vraies questions. Surtout, le 30 octobre, il a réuni à Washington des dizaines de milliers de fans pour "restaurer le bon sens", et répondre au rassemblement de Glenn Beck. Mais pour Guillemette Faure, ce grand raout "n'est pas tant une critique politique qu'une critique des médias", au sens où il est le miroir de l'engagement politique "de plus en plus enflammé" de Fox News. Mais aujourd'hui, "faire de la politique, c'est faire de la critique média", juge Porte, qui rappelle les cas Mélenchon et Bayrou. Pour John von Sothen, ce meeting "était une erreur", car Stewart a quitté son statut de satiriste (acte 2)(Attention : il y a une erreur de traduction dans le discours de Stewart. Il dit: "Nous pouvons avoir des différends sans être ennemis.)

Cette réputation de critique sévère des journalistes, Stewart l'a notamment acquise en 2004, lors de son passage dans une émission de débat de CNN, Crossfire. Elle était spécialisée dans les affrontements rugueux, où les petites phrases et les coups de gueule prenaient le dessus sur le fond. Ce que Stewart a reproché pendant de très longues minutes face aux animateurs désemparés. "C'est un moment très important dans sa carrière", signale von Sothen. Mais il estime que l'animateur est sorti de son statut acquis depuis 2004 avec l'organisation de son meeting. Nos trois invités partagent la même perplexité devant sa démarche. "Il était dans une tradition de divertissement critique intelligent, et il est passé de l'autre côté', constate Lucas Armati. (Autre erreur de traduction, dans Crossfire. Stewart dit : "Nous ne payons pas beaucoup, mais au moins vous pouvez dormir la nuit.", comprendre, "ne pas avoir honte de vous.")

Mais c'est sans doute en se penchant sur ce qu'il critique tous les jours qu'on peut comprendre son envie d'y répondre. Fox News, la chaîne de Rupert Murdoch, et son animateur vedette Glenn Beck. Qu'est-ce qui fait son succès ? Son ton doucereux, et "ses pleurs sur commande pour mettre en valeur une séquence émotion dans chaque émission", décrit Armati. "C'est de la haine soft", confirme von Sothen (acte 3).

Au-delà du "cas" Glenn Beck, Guillemette Faure revient sur la montée en puissance et en influence de Fox News, qui accueille à longueur de temps les Républicains les plus connus ou les plus forts en gueule. Elle souligne que la chaîne ne participe pas seulement à relayer le message du parti, mais, de plus en plus, contribue à le définir. "Mais c'est super, c'est clair, au moins !", s'exclame Didier Porte, qui fait dévier le débat : pourquoi en France tolère-t-on un positionnement politique clair d'un journal, et pas d'une télévision ?

De l'autre côté de l'Atlantique, il y en a en tout cas un qui a bien compris tout le bénéfice qu'il pouvait tirer de ces nouvelles stars du commentaire politique, à droite toute : Stephen Colbert s'est créé un personnage plus vrai que nature de Républicain pur sucre, expert dans l'exploitation des peurs de ses concitoyens. Très ressemblant à Glenn Beck, mais beaucoup plus drôle, tombent d'accord nos invités (acte 4).



Vous pouvez aussi utiliser le découpage en actes. Si la lecture des vidéos est saccadée, reportez-vous à nos conseils dans la rubrique d'aide.

Acte 1

Acte 2


Acte 3


Acte 4


ET POUR LES @SINAUTES MOBILES :

Retrouvez la chronique de Didier Porte en podcast en entrant le lien ci-dessous dans votre agrégateur :

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