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Commentaires

Jura : pressions du conseil général (PS) sur un journal local

Comment un président de conseil général PS fait pression sur un petit journal du Jura. Dans son édition de la semaine dernière, Voix du Jura, un hebdomadaire régional d'obédience chrétienne dévoilait la nouvelle carte de rédécoupage électoral du Jura. Le lendemain, le conseil général a mis fin à plusieurs contrats de publicité. Le président du Conseil général Christophe Perny (PS) assume.

Derniers commentaires

... Michel Sapin, au nom de l'austérité et de ces foutues élections qui coutent toujours trop cher, propose de supprimer les prud’homales par les salariés.
Décidément, concernant tout ce que Sarkozy a un jour rêvé sans oser le réaliser - ou par faute de temps - le PS est en passe de l'exaucer.
Si ça, ce n'est pas le plus beau pacte républicain que l'on puisse imaginer.
"Elle risque de faire grincer des dents aussi bien la gauche que la droite, mais surtout la droite, précise à @si le rédacteur chef du journal Rodolple Zimmermann".

C'est personnellement la phrase qui m'a le plus fait réagir dans cet article et je la trouve particulièrement révélatrice.

Passons d'abord sur le raccourci absurde qui consiste à affirmer insidieusement "gauche = parti socialiste". Ce qui me frappe c'est que ce monsieur, se faisant l'écho d'une opinion qui me paraît malheureusement assez répandue, a l'air de considérer que le parti socialiste serait moins arc-boutée que la droite sur la question du redécoupage électoral ?

Le cas de ce redécoupage dans le Jura est un parfait exemple, selon moi, de l'aveuglement politique et médiatique (conscient ou inconscient ?) sur la question des institutions de notre république.

Pourquoi donc M. Zimmermann pense-t-il que la "gauche" serait moins "grinçante" que la droite sur la question ? Pour deux raisons qui sont très bien mises en avant dans l'article :

- "parmis les cantons qui sautent, certains qui appartiennent à des figures historiques de la droite locale"
- "Quant à un redécoupage plutôt pro-PS, il assume : "le préfet a rencontré aussi bien la présidente de l'association des maires du Jura (UMP) que moi-même, mais au final, je n'ai pas de doute sur le fait que ce la carte qui en ressortira sera plus de mon côté. Vous croyez que Pasqua laissait le PS faire le redécoupage?"

Une fois qu'on a dit ça on a tout dit effectivement : ce n'est après tout que de la petite cuisine interne, des luttes d'influences dans un département, des bisbilles micro locales etc... Alain Marleix a fait son redécoupage des circonscriptions sous l'ère Sarkozy, M. Perny fait le sien dans son département, Pasqua en son temps était à la manœuvre... demain, qui sait qui s'y collera ? bref, on est purement dans la cosmétique.

Or, depuis le temps que l'on découpe et que l'on redécoupe on prend surtout soin de ne pas poser les vraies questions qui fâchent. De vraies questions, qu'à l'instar de M. Zimmermann (mais pour de bonnes raisons) on pourrait légitimement s'attendre à voir porter par la (vraie) gauche. Pourquoi est-il si difficile de changer les institutions ? Pourquoi laisse-t-on porter un discours essentialiste sur les institutions de la Ve république ? Pourquoi se satisfaire d'institutions aussi peu démocratiques ?

Sans rentrer dans un débat sur le présidentialisme en France, et pour rester dans le thème de l'article, ce sont des questions qui se posent à l'échelle du Jura et de toutes les institutions locales. Pourquoi un découpage aussi invraisemblable et daté de l'espace politique local dans notre pays ? Pourquoi ne pas connecter la question du découpage cantonal à celle du Sénat et de son mode d'élection d'un autre âge ? Pourquoi un tel écart entre le territoire d'élection (élection dans un canton) et le territoire d'action (action à l'échelle du département) ? De même que le député est tiraillé entre sa circonscription et ses obligations nationales, le conseiller général l'est entre son canton et son département, et les communautés de communes entre leurs diverses composantes.

Ce sont des questions qui me paraissent primordiales et qui malheureusement ne peuvent pas être posées dans notre pays. Articuler une réflexion sur les institutions locales en France en faisant campagne dans un canton du Jura, ou à l'occasion d'un redécoupage revient à se tirer une balle dans le pied, car les enjeux sont locaux et on aura tôt fait de vous éjecter du débat. Dans le système actuel le seul moment où il est possible de porter une critique audible du système de des institutions devient la campagne présidentielle/législative, or elle se tient opportunément une fois tous les 5 ans et se doit de traiter de tant de sujets qu'elle ne peut aller très profond dans aucun.

Le problème de la Ve république, qui est absolument fondamental dans notre pays selon moi, se retrouve donc cantonné à un débat légitime mais insuffisant sur le présidentialisme. Or, autant que l'idéal gaullien absurde de l'homme providentiel, le corsetage politique de la France au niveau local (communes pléthoriques, communautés de communes a-démocratiques, départements et régions inadaptés, Sénat sclérosé et sclérosant) contribue, autant que l'attachement supposé et fantasmé du peuple français à une "figure monarchique", à la fixité de notre société et de son organisation sociale et politique.

Elle y contribue par la production d'un personnel politique qui par son mode d'élection et son rapport particulier au territoire a tout intérêt à ce que rien ne change. A cet égard, monsieur Perny en est un exemple tout à fait typique, à peine moins caricatural que le cumulard Jacques Pélissard, son alter-égo de droite dans le département. La "territorialisation" des institutions, a fortiori locale, n'est pas neutre : la commune, le département, le canton ne sont en aucun cas des échelles géographique et politique neutres. Elles se fondent sur une certaine représentations de la société et de la politique qui produit des modes de pouvoirs et de domination qui, bien que de proximité, n'en sont pas moins perfides. Et la moindre de leur perfidie n'est pas de se faire passer pour "naturelle" : bien sûr que la commune est une échelle naturelle, pensez vous ! elle se fonde sur un découpage paroissial plus que millénaire, un peu de bon sens voyons !

Mais j'ai déjà été bien long et je ne voudrais pas trop faire souffrir l'indulgence de ce qui auront bien voulu me lire. S'il y a effectivement une vraie nécessité, selon moi, à militer pour changer nos institutions, je considère que cela ne peut pas se faire sans se confronter au mille-feuilles politique local étouffant qui écrase nos consciences citoyennes. S'il est aisé et pertinent de prendre pour cible la caricaturale fonction présidentielle française, il ne faut surtout pas sous-estimer la cohorte d'institutions locales qui en l'espèce est la corde qui soutien le pendu élyséen.

Autant de questions qu'un travail approfondi de journalisme aurait permis de soulever si la Voix du Jura avait gratté un peu sous le vernis politicien qu'elle croyait effriter.
Et ben.
Jusqu'à présent, le PS ne suivait pas les méthodes sarkozystes de pression des médias.
Après la chasse à l'homme, l'austérité, les coupes claires, les copinages avec les grands patrons, les projets de programme annulés, le passage en force de l'ANI et celui qui se profile sur le GMT, c'est l'un des rares trucs qui le distinguait encore de son prédécesseur d'ultra-droite.
La brèche s'agrandit.
Merci Laure pour cet excellent billet.
Bah quand on a eu Frêche, c'est du pipi de chat tout ça ;)
heu,le Dodo c'est l'île Maurice je crois..
Il faudrait les avis de ces deux jurassiens célèbres que sont Mélenchon et Consensus 39.
Perny use souvent du droit à dire aux "journalistes qu'il ne sont pas bons".
Accepte-t-il que des journalistes usent de leur droit à dire (et publier) qu'il "n'est pas bon"?
Si oui, je ne vois pas le problème.
Sinon ...
Qu'un journal local découvre qu'il est lié par sa dépendance publicitaire est, en effet, une grande première.
Au moins il ne ment pas . C est un sale type égocentrique mais qui le dit , du coup c est plus facile de se battre contre ces idées . On est plus des enfants ... Les adultes ne sont pas des saints , aucun , lui il n a pas piqué dans la caisse, gruge une élection ? Il dit et fait ce qu il pense, à chacun de faire son opinion et de voter ou pas pour lui .
En plus franchement 80% des journalistes ne supportent pas la critique , à chaque fois c est la liberté de la presse qui est menacé , la liberté de la presse est menacé par tout les lèche bottes pas par cet élu , si un journal ne vit que sur ces pub et en plus celle de l état , ça s appel être assisté non ? pour ne pas faire son boulot .
"J'ai des rapports tumultueux mais de vrai respect avec les journalistes".
haha!
j'ai toujours aimé "l'art de prendre les gens pour des cons" que déroule le PS...
l'exemple vient d'en haut,faut dire.

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