Field, et le conformisme de l'insolence
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Field, et le conformisme de l'insolence

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"Si vous êtes là, c'est parce que François Hollande le veut bien"Darius Rochebin interviewe Michel Field. Darius Rochebin, pour les matinautes non helvètes, est "le Pujadas suisse". A Field : "Le jour où il ne veut plus de vous, même si c'est pas lui qui vous nomme directement, vous sautez". Evidente surprise du directeur de l'information de France Télévisions. Venu faire la promo de son dernier livre, un cadenas sur la langue après le vote par les rédactions d'une motion de défiance contre lui, il ne l'attendait pas, celle-là. Mais enfin, qu'allez-vous imaginer, ami suisse ? Il y a quand même le CSA ! La proverbiale indépendance de la télé française !

Ils sont incroyables, ces journalistes suisses, quand on est exposé toute l'année aux intervieweurs français. Questions courtoises mais précises, pieds dans le plat, mais avec des patins. Justement, on parle impertinence. Field a construit toute sa carrière sur un échange "impertinent" avec Chirac, pendant la campagne de 1995, à propos de pommes et de coloriage. Et aujourd'hui ? Field : "Le problème de l'insolence avec les politiques aujourd'hui, c'est que ça peut alimenter le populisme ambiant. Il fut un temps où c'était très bien d'être insolent, parce que c'était non conformiste. Aujourd'hui, j'ai peur que ça devienne une forme de conformisme, donc c'est compliqué". D'autant que Field, admet-il, a créé "des liens" avec toute la classe politique. Attention, pas des "amitiés". Des liens. "Mais enfin, au bout de 25 ans de carrière dans une classe politique aussi peu renouvelée, c'est assez normal de finir par connaitre un peu ces gens-là".

C'est sans doute pour ne pas "alimenter le populisme", que Field a endossé le refus par Hollande de la syndicaliste de Doux Nadine Hourmant, parmi les Français chargés de l'interroger dans la dernière émission de France 2 (qui par ailleurs a fait un bide). Mais qu'importe, puisque Léa Salamé s'est permis une mini-insolence. Et l'investigation à la Lucet-imperméable, les poursuites de puissants mutiques jusque dans la rue, qu'en pense-t-il ? Pirouette : "c'est bien là où c'est. Faut pas forcément généraliser ça". Pourtant, n'a-t-il pas nommé Lucet grande réorganisatrice des magazines, pardon, des"marques", du jeudi soir, Envoyé spécial et Complément d'enquête" ? Certes, mais ce n'est pas pour dupliquer Cash investigation. "On va pas faire du cash investigation dans la soirée du jeudi" dit Field. On va tout continuer comme avant. En langage Field-cadenas-motion de défiance, ça donne : "on va on va retrouver peut-être, c'était encore évidemment le cas, mais on va revivifier la grande tradition des enquêtes et des reportages". Eh bien voilà. Si ce n'était pas clair, il suffisait de le préciser.

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