Reviens Finkie !
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chronique

Reviens Finkie !

Disons le : la poignée de petits génies qui ont chassé Finkielkraut de la place de la République

ont fait davantage de mal à Nuit Debout, qu'à l'académicien. Bien entendu, à voir les images, on est mécaniquement projetés de son côté, du côté du banni. On n'y peut rien. C'est pavlovien. Et c'est heureux. C'est ce type de réflexes pavloviens, et la capacité, ensuite, de les dépasser, qui nous maintiennent humains. Réalisez-vous ce que vous avez fait ? Ranger des milliers de braves gens du côté de Finkielkraut.

On en a pour des jours, à l'entendre s'épancher sur le "fascisme", dans tous les micros tendus, et ils sont nombreux. Il a commencé, à chaud, sur le trottoir d'en face, à peine rescapé, par évoquer la "purification" subie sur la place. Il n'a pas dit "ethnique", mais tout le monde l'a entendu. Dès lundi matin, il était chez lui, sur France Culture, au micro de Guillaume Erner, pour évoquer cette fois la "purge", et moquer la "petite bulle révolutionnaire au milieu d'une ville indifférente", la "petite kermesse sous cloche", et les gens, sur le trottoir d'en face, qui se fichent de ce qui se passe sur la place. Bref, on en a pour la journée, ce qui est au total, aussi, une bonne chose. Cela restituera aux bannis et aux dominants de la parole médiatique leurs places respectives.

Ce qu'il fallait faire ? Rien. Le laisser déambuler entre les stands et les réunions des commissions, assister à l'Assemblée Générale, comme il l'a fait en toute tranquillité plusieurs dizaines de minutes (mais si !), aussi longtemps qu'il le voudrait. L'écouter, s'il avait quelque chose à dire sur le revenu de base, ou la cantine à prix libre. Exercer un des plus beaux droits qui soient : le  droit à l'indifférence devant l'infinité du subalterne. C'eût été, pour lui, la plus cuisante défaite : les Finkielkraut, les Onfray, les Zemmour, n'ont d'autre visibilité que celle que nous leur offrons. Et si vraiment on ne pouvait plus faire semblant de ne pas le voir, si vraiment il fallait l'intégrer dans l'image, alors construire cette image, par exemple le fêter, l'entourer, chanter "Finkielkraut avec nous" en dansant la ronde autour de lui, lui proposer le mafé de l'amitié, lui montrer le monde que vous voulez construire.

Ça passe vite, un mois, mais tout de même essayons de nous souvenir. D'où est né Nuit Debout ? D'un film-étincelle, Merci patron. Si le mouvement s'en est déjà, à toute allure, affranchi, s'il a acquis sa dynamique propre, il est pourtant bien né de ce film dont l'énergie est tout sauf hargneuse, vindicative ou excluante. La force du film de Ruffin, c'est d'avoir transmué en jovialité farceuse la colère générée par la casse sociale. Comme on aimerait que le mouvement se souvienne de cette matrice, et conserve cet esprit, devant toutes les provocations qui s'annoncent -car celle-là n'était que la première. Qu'attendez-vous ? Commandez des T shirts "Reviens Finkie, tout est pardonné". Arborez-les devant les caméras. Allez danser devant France Culture, ou devant Le Point. Il n'est pas trop tard.

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