Propagande supersonique au Mali
Le matinaute
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chronique

Propagande supersonique au Mali

Plus rapide encore que le déclenchement de la guerre

, la propagande de guerre française a démarré à vitesse supersonique. Attendez-vous donc à apprendre chaque soir, chaque matin, que les raids français se sont intensifiés au Mali, que l'ennemi a subi de lourdes pertes, qu'on a frappé ses bases arrière, qu'un coup d'arrêt décisif a été marqué à sa progression. Attendez-vous à en bouffer, des marsouins qui débarquent à l'aéroport de Bamako, et des interviews de gradés enthousiastes. Pour les informations, en revanche, mieux vaudra varier les sources: dans les premières heures de la guerre, c'est le New York Times qui indiquait, une demi-journée avant que ce soit confirmé à Paris, qu'un hélicoptère Gazelle avait été abattu (c'était d'ailleurs une semi-erreur: l'hélicoptère est en fait rentré indemne, mais le pilote a succombé à ses blessures).

L'enregimentement inconscient des envoyés spéciaux français, le journal de France 2 en donnait un avant-goût dimanche soir. Dans cette guerre sans images (le front proprement dit étant interdit à la presse), comment illustrer les longues reprises des communiqués et des confidences de l'état-major ? Avec des images d'archives. Il en existe de plusieurs sources. Ainsi, une courte séquence de musulmans en prière était bien identifiée comme "images de propagande Internet", tandis que les nombreuses images fournies par l'armée française des exploits techniques des Jaguar et autres Mirage, n'étaient identifiées "images de l'armée française" qu'avec de longues secondes de retard. Ce bégaiement était comme un aveu: les images de l'ennemi sont, par définition, des images de propagande. Les nôtres ne sont que d'innocentes images d'illustration, transparentes comme de l'eau de source.

Attention: à gauche, image de propagande de l'ennemi. A droite, pure image d'illustration.

Déplorant ensuite d'être cantonné à Bamako et de ne pas pouvoir s'élancer vers le Nord ("impossible de faire notre métier") l'envoyé spécial de France 2 renforçait encore la distinction. Déplorant n'avoir aucune image à se mettre sous la dent, il évoquait d'autres guerres du passé, dans lesquelles abondaient les "vidéos de propagande" de l'ennemi et, côté français, les "clichés soigneusement choisis par l'Etat Major, mais qui avaient au moins le mérite d'exister". Comprendre: le cliché-soigneusement-choisi-par-l'état-major-mais-qui-a-le-mérite-d'exister représente un moindre mal, un compromis acceptable entre l'état-major et les médias nationaux. Tant que les images de propagande de l'Armée ne seront pas siglées "images de propagande de l'armée française", tant qu'elle n'appellera pas un chat un chat, comment croire à cette information-là ?

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