Handball aux prisonniers
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Handball aux prisonniers

Si vous êtes un heureux télespectateur de Laurent Delahousse

, ou un heureux auditeur du journal de 8 heures de France Inter, vous savez déjà que s'est produit, dimanche, un événement considérable, de nature à faire trembler la République sur ses bases: le placement en garde à vue de plusieurs joueurs de handball, soupçonnés d'avoir parié plusieurs milliers d'euros sur des matches de leur club. L'événement a partout mérité la première place et les directs haletants, loin devant la première manif de gauche du quinquennat, contre le pacte budgétaire. C'est à dire que tous disent à la France: dans ce pacte budgétaire, savez-vous, rien de fondamental. Ne vous alarmez pas. Ce n'est qu'un épisode du feuilleton, un de plus, il y en aura d'autres.

Attention: je ne considère pas que ce traité condamne forcément la France à l'austérité éternelle. Comme tous les textes européens, celui-ci (voir le vaillant décortiquage de notre éconaute), est assez ambivalent, assez torve, assez sournois, pour que l'on puisse l'interpréter de toutes les manières imaginables, et d'autres encore. Marché de dupes entre Sarkhollande et Merkel, sans doute, mais sans que l'on puisse savoir qui est la dupe, ou plutôt en ménageant tous les scénarios possibles (que la dupe soit l'un, l'autre, ou les deux, ou personne). C'est un texte ouvert. Mais en le faisant passer au troisième plan, toutes les radios et télés ont tranché: rien de grave. Rien d'irréversible. Pas de raison de se prendre la tête. Il n'a jamais été si clair que la hiérarchie de l'information était un éditorial masqué. Et l'audiovisuel une machine à décerveler.

Du coup, forcément, docile, je me suis penché sur le handgate. Et tiens, dans cette belle partie de balle aux prisonniers, plusieurs pépites. Vous avez vu sur toutes les chaînes l'image de "l'icône", du champion olympique Nikola Karabatic, emmené par la police à la fin du match d'hier. Soit dit en passant, il faudra se demander pourquoi la police est intervenue précisément ce dimanche. Et notamment si cela n'a pas un rapport avec le fait que Stade 2 annonçait, dans les heures précédentes, qu'elle diffuserait des témoignages exclusifs des patrons de deux bars dans lesquels ont été passés les paris fatals, ainsi que d'un client.

Il faudra aussi se demander pourquoi le journaliste de Stade 2 Patrick Montel, au courant de l'affaire depuis mai dernier, n'a choisi que cette semaine de la rendre publique. Ne cherchez pas trop, il donne d'ailleurs lui-même la réponse: il fallait, "avant toute chose, protéger les athlètes et le sport incriminés". Chacun ayant pris le temps de la réflexion, et de bétonner la ligne de défense (oui ils ont parié, mais certainement pas, en aucun cas, laissé filer le match), Stade 2 et la police ont pu passer à l'offensive.

Mais l'affaire dans l'affaire dans l'affaire ne s'arrête pas là (désolé, je me suis pris au jeu, et à force de chercher, on trouve). Karabatic n'est pas le seul mis en examen. Outre plusieurs autres joueurs, selon toutes les gazettes, la compagne de son frère est aussi en garde à vue, pour avoir rempli avec lui les grilles fatales. Avez-vous vu son image à la télé ? Entendu la nouvelle à la radio ? Ah, un détail: la jeune femme, Jenny Priez, est animatrice sur NRJ 12, c'est à dire qu'elle appartient un peu à la corporation. Selon les meilleures sources, la chaîne aurait décidé de sa suspension provisoire d'antenne. Ne me faites pas dire que ceci a un rapport avec cela, et qu'un certain corporatisme peut expliquer un certain silence. Quelle noire pensée ! Il s'agit évidemment de respecter la présomption d'innocence, à laquelle télés et radios, comme chacun le sait, sont tellement attachées.

Extrait de l'enquête de Stade 2

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