L'apocalypse des talents
Le matinaute
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chronique

L'apocalypse des talents

Il n'aura pas fallu longtemps: témoin Dujardin, Jean, à la barre !

Nom prénom qualités. Alors témoin Dujardin, que pensez-vous de la dernière idée, de l'horrifique proposition du candidat bolchevique Hollande, de taxer les revenus supérieurs à un million à 75% ? Vous qui venez de gagner à la sueur de votre front, par votre travail méritant, ce magnifique Oscar qui honore notre pays tout entier ? Ah, Jean Dujardin, ce n'est pas en travaillant 35 heures que vous l'auriez gagnée, n'est-ce pas, la statuette magique ! Alors ? Maintenant que l'on veut vous matraquer, vous priver du fruit de votre travail, quelle est votre réaction ? Merci Dujardin. Vous n'avez même pas besoin de parler. La seule évocation de votre nom suffira sans doute à convaincre le public. Vous pouvez vous rasseoir.

Depuis trois jours, se multiplient les évocations de Dujardin (réquisitionné ce matin encore par Sarkozy lui-même sur France Inter, entre les Steve Jobs et Bill Gates virtuels que la mesure tuera dans l'oeuf, l'écrivain Emmanuel Carrère, ou même Bernard Arnault, qui vient de sauver Lejaby, "comme on l'a entendu sur votre antenne"). Et quand ce n'est pas Dujardin, ce sont les joueurs de foot français. Inter encore: au journal de 8 heures, interview d'un joueur du PSG ("on nous tire dans les pattes, moi j'ai braqué personne", etc). A la revue de presse, citation d'une interview d'un président de club de foot dans L'Equipe: si la mesure fatale était mise en oeuvre, "jamais un joueur comme Beckham ne viendrait en France" (sans rire, apparemment). Faut-il faire un dessin ? L'agonie du foot français, les stades reconvertis en champs de patates, etc etc.

Dans chacune de ces peintures d'apocalypse, revient jusqu'à la nausée le mot "talent". Au-delà du procédé de communication (mettre en avant comédiens et footballeurs, plus populaires que les patrons ou les banquiers), il est frappant de voir comme le maniement de cet argument, sous l'apparence de l'objectivité, présuppose deux choses. D'abord, qu'il est de l'ordre d'une fatalité météorologique que le talent soit surpayé au-delà du raisonnable. Ensuite, que seul l'argent motive comédiens, réalisateurs, ou écrivains. Ce seul présupposé suffit à dépeindre eux-mêmes les peintres de l'apocalypse, et leurs porte-pinceaux.

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