D'où viendra le craquement ?
Le matinaute
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chronique

D'où viendra le craquement ?

Guetter les craquements, maintenant. Les silencieux craquements

, sous le tumulte des manifs, et des tympannisations gouvernementales rassurantes. Car les vitrines brisées, les pierres lancées sur les CRS, les amoncèlements d'ordures à Marseille, les villes sans bus, les files d'attente aux stations service, les TGV à éclipses, les aéroports à intermittences, ne feront pas seuls reculer le pouvoir. Le pouvoir reculera s'il se fissure, puis se divise. Si Sarkozy, lors du mouvement anti-CPE, n'avait souterrainement intrigué contre Villepin, la capitulation aurait-elle été si rapide ? Guetter les craquements, donc, forcément d'abord silencieux.

Mais d'où viendront-ils, alors que toute la droite est tétanisée par le Remaniement ? D'ailleurs, forcément. De la société, cette invisible. Ecoutons soigneusement le Medef. Le Medef a des états d'âme. Le Medef aimerait que ça cesse. Le Medef aimerait que l'essence revienne, que les livraisons soient livrées, les commandes commandées, les délais tenus, le Medef aimerait que les flux tendus ne cassent pas. On n'a pas assez relayé la déclaration de Laurence Parisot, demandant mardi "avant tout, que le climat s'apaise le plus vite possible". "Le Medef tourne casaque" traduit Fakir. On n'en est plus aux rodomontades. On n'en est plus à défendre la réforme, la magnifique réforme des retraites. On veut que ça cesse. Le plus vite possible.Où est donc passée "l'opiniâtre" ?

Tendons l'oreille du côté du Sénat. Le Sénat avance, au pas des sénateurs. A l'heure où vous lirez ces lignes, le Sénat aura peut-être voté la réforme. Et peut-être pas. Le Sénat agace le pouvoir. Le Sénat s'en moque. Que veut le Sénat ? Reste enfin Borloo. Borloo écartelé, Borloo crucifié, Borloo bouleversé, mais Borloo planqué, soigneusement planqué, dans la hantise de dire le mot de trop. S'il craque un jour, il craquera d'un seul coup, celui-là, comme un plancher pourri. Il fallait entendre ses soupirs longs comme un jour de grève, au Putatif, ce matin, chez Aphatie. Ah, c'est bien compliqué, de réformer. Et encore plus compliqué d'approvisionner les stations-service. Tout est si compliqué. Et avant tout, de se lever le matin, si vous saviez. Un signe, parmi d'autres : les conseillers de Fillon et de Borloo se sont pris le bec en début de semaine, à propos de la pénurie d'essence. C'est Judith Waintraub, du Figaro, qui le raconte. Comme vous l'aurez remarqué, l'information est double. Au sommet de l'Etat, on s'agace, on se chamaille. Et Le Figaro le raconte, ce qui est peut-être le signe le plus significatif de quelque chose.

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