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Ce n'est pas une décision facile, de renoncer à faire une émission. Et pourtant, cette semaine, vous ne tutoierez pas la Ligne j@une avec nous. Ne parvenant pas à monter un plateau satisfaisant, nous préférons...ne pas vous offrir d'émission.

Il arrive que l'on joue de malchance. Dimanche soir, avec Guy, nous décidons de consacrer l'émission aux soirées électorales. Internet, qui permet de connaître des résultats relativement précis dès la fin de l'après-midi du dimanche, ne rend-il pas caduque l'interdiction faite aux médias audiovisuels de livrer tout résultat avant 20 heures ? Est-ce pour cette raison, que les soirées électorales des chaînes généralistes sont de plus en plus courtes ? Lundi matin, on commence à lancer les invitations. Bourdin, de RMC ? Pas libre. Jakubyszyn de RMC ? Pas de réponse. Tous deux, hauts responsables de RMC, étaient pourtant intéressants, étant au coeur d'une contradiction : ils avaient twitté des estimations, au premier tour des régionales, et les avaient précipitamment retirées, s'avisant au dernier moment qu'ils étaient passibles d'une grosse amende.

Peut-on compter sur un invité du CSA ? Je sollicite Françoise Laborde. Elle ne serait pas opposée. Mais le mardi après-midi, c'est la réunion plénière du CSA -"un peu notre conseil des ministres"- et elle ne peut pas sécher. Comble de malchance, le patron de la rédaction d'Europe 1, Laurent Guimier, qui avait donné son accord, se décommande.

On se retrouve donc au point de départ, lundi à 16 heures. En fiers aventuriers de la programmation, on décide donc de tenter le tout pour le tout, de changer de pied, et...de traiter du cas France-Soir. Depuis sa nouvelle formule, la semaine dernière, sous l'égide d'un oligarque russe,

picto ici portraituré en gloire,

ce journal est un gag quotidien.

Nous vous en avons parlé ici, ici, ici, et . Soyons clairs : pas seulement un gag. La création, baroque et opaque, en pleine crise, d'une anachronique feuille de propagande sarkozyste, dans les flots de champagne et les montagnes de foie gras, pose des questions de toutes sortes.Mais évidemment, pas question de faire cette émission sans avoir sur le plateau des responsables du journal. Guy espère sérieusement pouvoir faire venir Pugachev, ou la directrice déléguée Christiane Vulvert. Je suis légèrement sceptique, mais après tout, qui ne tente rien...

Quelques appels suffisent à dissiper nos folles espérances. Ni Pugachev ni Vulvert ne viendront. Tenter des journalistes, alors, parmi ceux qui se sont embarqués dans cette aventure. Au téléphone, Dominique de Montvalon, chef du service politique, bredouille un peu, mais ne refuse pas d'emblée. Il va rappeler dans trois quarts d'heure, promis. Comme évidemment il ne rappelle pas, je le rappelle moi-même (si vous saviez le nombre de gens qu'on rappelle, dans une journée!) Cette fois, il promet de me rappeller dans cinq minutes, re-promis juré. A l'heure où j'écris, j'attends encore. Gérard Carreyrou, éditorialiste ? Guy lui laisse un message. Nous attendons encore. Tous deux étaient pourtant déjà venus dans l'émission. Mais il faut croire que cette fois, le dossier est vraiment implaidable. Et parmi les observateurs ? Marie-Pierre Subtil, du Monde, auteure d'une excellente enquête sur la famille Pugachev, n'est malheureusement pas libre mardi. Vincent Jauvert, auteur de l'enquête de L'Obs qui nous a mis la puce à l'oreille, est à l'étranger. Bref, lundi soir, confronté à la vision de désolation d'un plateau vide, je décide de jeter l'éponge.

Il n'y aura pas de Ligne j@une cette semaine. La ligne jaune sera blanche.

Contrainte, mode d'emploi

Je n'en suis pas particulièrement fier. J'en suis même totalement désolé pour tous ceux d'entre vous qui attendaient l'émission, et je les prie de nous en excuser. Je déteste les rendez-vous non honorés. Et je ne cherche pas à reporter sur Carreyrou, Montvalon ou d'autres la responsabilité de cette ligne blanche. Depuis le début, nous savons que nous devons jongler avec cette difficulté très particulière, qui consiste à faire venir sur nos plateaux des gens qui y recevront des douches froides, sans qu'ils y trouvent toujours de compensation évidente. Le miracle, c'est plutôt qu'il s'en trouve tant, pour accepter de venir. A nous de nous organiser, en intégrant cette donnée-là. Difficulté supplémentaire : la faiblesse de nos moyens, conjuguée à notre fâcheuse tendance, à Guy et moi, à préférer travailler dans l'excitation de l'urgence (je sais que ce dernier point nous vaudra une lourde réprobation de certains dans le forum, mais je les prie à l'avance de croire que nous nous soignons). Tout cela nous amène le plus souvent à nous consacrer à la préparation de Ligne j@une pour l'essentiel le lundi après-midi, et le mardi matin. C'est acrobatique. Parfois, voilà, on se scratche. Mais ce funambulisme, je crois, est indissociable de la tension, de l'électricité de l'émission. Il y a des exploits que l'on ne réussit que dos au mur.

Renoncer à faire une émission n'est pas une décision très "pro". Lorsqu'on a décidé qu'un rendez-vous sera hebdomadaire, on s'y tient. La contrainte est...contraignante, mais créatrice. C'est souvent sous pression, parce que le délai, l'infernal délai, approche, que l'on s'arrache des tripes les meilleures chroniques, ou les meilleures émissions. Qui sait si mardi matin, nous ne serions pas parvenus à monter, en catastrophe, un plateau sur un autre sujet ? Qui sait s'il n'aurait pas été excellent?

D'un autre côté, sur un site comme celui-ci, quelle est l'exacte définition de ce qu'on appelle le "professionnalisme" ? La contrainte de la périodicité hebdomadaire, nous nous la sommes fixée à nous-même. Aucun contrat, aucune nécessité transcendante, ne nous oblige à faire deux émissions par semaine. Vaut-il mieux une mauvaise émission, trop vite ficelée, ou pas d'émission du tout ? Quand on a la chance de n'avoir d'autre contrainte de fabrication que celles qu'on se fixe à soi-même, quand rien ne nous contraint à une certaine longueur, ou à une certaine fréquence, en quoi consiste vraiment le professionnalisme ? Vastes questions, que je soumets à votre réflexion : ça tombe bien, vous avez un peu de temps libre, là, tout de suite...

En attendant, vous pouvez voir, ou revoir, une de nos meilleures lignes j@unes, celle où nous accueillions notamment Marie-Dominique Arrighi, grande journaliste et inoubliable blogueuse de son cancer, qui nous a quittés la semaine dernière. Et une dernière chose : l'émission sur France-Soir, on la fera. Avec ou sans la direction du journal (Vulvert nous a finalement fait dire officiellement, après une nuit de réflexion, qu'elle "n'avait pas particulièrement envie" de participer à l'émission). C'est promis.

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