A l'assaut de Lanzmann
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chronique

A l'assaut de Lanzmann

Les incidents sont parfois déclencheurs.

15 heures 30 mardi après midi, on va tourner "D@ns le texte", et Eric Naulleau n'est pas là. Je viens d'installer le massif Lanzmann dans son fauteuil, Frédéric Ferney et Judith Bernard revoient leurs notes, et toujours pas de Naulleau. Son portable est sur répondeur. Lanzmann nous signifie qu'il doit absolument repartir à 17 heures, et je sens bien qu'il commence à nous considérer comme des rigolos, avec nos petites caméras, et nos câbles qui trainent partout.

Bref, on décide de commencer sans Naulleau. S'il arrive en retard, on l'introduira sur le plateau, voilà tout. On démarre, dans le respect du monument Lanzmann, comme il faut. Et soudain (quelle mouche le pique ?) voilà que Ferney se plante en face du bonhomme, et lui demande ce qu'il répondrait à tous ceux qui l'accusent d'avoir un ego démesuré, et le traitent de "casse-couilles" (dans le texte. Ah, Frédéric !) Et Judith d'emboiter le pas, sur le narcissisme, et le contentement de soi. Quel besoin avez-vous, Claude Lanzmann, de reproduire dans votre livre tous les éloges que l'on vous a prodigués tout au long de votre carrière ? Et cette manière de rappeler tout au long du livre que vous êtes bon skieur, bon nageur, bon enseignant, adoré de ces dames, etc !

Il faut voir Lanzmann à ce moment-là. Son sourire ébahi. Il a tout vu, dans sa vie, Claude Lanzmann. Il est monté dans les avions de guerre israéliens, il a vu Auschwitz et Treblinka, il a forcé des présidents de la République à regarder les neuf heures de Shoah. Avec son corps de sanglier, il a forcé des portes de ministres, de paysans polonais, de bourreaux nazis. Il n'avait jamais rencontré Judith Bernard. Il ne sait pas quoi lui répondre. Il ne cherche d'ailleurs pas à le dissimuler. J'ai souvent vu Lanzmann à la télé, je ne l'avais jamais vu déshabillé avec autant d'innocente allégresse, et...de volupté (réciproque ?) C'est fou, comme un moment de stupéfaction peut être télégénique.

Et vous savez pourquoi cet assaut conjugué n'est pas un moment de fausse impertinence télé insupportablement ordinaire, à l'égard d'un monstre sacré ? Parce que tous deux ont lu le livre. Jusqu'à la dernière ligne. Cela leur donne tous les droits, et ils ont raison d'en user.

Et en sortant de là, je me dis : "a-t-on vraiment besoin de deux chroniqueurs ?" L'émission ne fonctionnerait-elle pas mieux s'ils venaient en alternance, si Judith se partageait entre les deux, comme...Beauvoir naguère, entre Sartre et Lanzmann, comme le raconte si drôlement, justement, le livre de Claude Lanzmann ? Vous nous le direz.

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