La perspective Guetta
Le matinaute
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chronique

La perspective Guetta

Depuis combien de matins, est-il là ?


Combien de départs à l'école, a-t-il accompagnés ? "Aie ! Déjà Bernard Guetta, et les lacets du petit ne sont pas encore faits ! " Depuis qu'il décrypte la politique internationale dans la matinale de France Inter, Guetta s'est lentement inscrit, comme un majestueux monument à dômes et à coupoles, dans le paysage matinal. Si bien inscrit qu'on serait tenté de ne plus écouter sa voix de bronze, de se contenter de sa présence familière. Et, autant l'avouer, on a cessé de se laisser emporter par ses enthousiasmes, lorsqu'il vante, un matin sur trois, les inépuisables bienfaits de l'Europe, ou relate la moindre rencontre de sous-ministres proche-orientaux comme l'avancée décisive qui, un jour, demain, tout à l'heure peut-être, débouchera enfin sur la paix radieuse.

On aurait tort. Guetta est de ces rares journalistes qui, dans chaque événement microscopique, cherchent par réflexe les racines profondes, les lointaines conséquences, bref la perspective. Envoyé spécial, correspondant, il a eu au siècle dernier son content d'Histoire et de convulsions : la naissance de Solidarnosc, premier syndicat indépendant d'Europe communiste, aux chantiers navals polonais de Gdansk ; et les premières années Gorbatchev, dont il perçut instantanément les enjeux (il était alors correspondant du Monde à Moscou), alors que ses bons confrères, (qui étaient aussi les miens) à Paris, publiaient ses papiers en ricanant, persuadés que le gorbatchevisme n'était que la nième tromperie du KGB, à usage des gogos occidentaux.

Guetta relatait ce vendredi matin le vote-surprise de la Chambre des représentants américaine, imposant à 90 % les primes et bonus perçus par les dirigeants d'AIG, primes et bonus qui ont déclenché la fureur d'Obama. Cet impôt confiscatoire, au pays de Picsou, de Forbes et de Reagan, des fortunes triomphantes, et des héros de la libre-entreprise ! On l'entendait s'en étrangler de stupeur au micro, on le voyait soudain prendre à bras le corps les convulsions du capitalisme, comme hier celles du communisme. Il nous emmenait avec lui, nous faisait partager sa vue panoramique, bien au dessus de l'événement. C'était, tout simplement, du journalisme.

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