Migrants : le cheval comtois à la rescousse
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Migrants : le cheval comtois à la rescousse

Il y a Pap N'Diaye, marin aguerri du Guilvinec, 22 ans d'expérience au compteur. Il y a Madama Diawara, qui souhaite entamer un projet d'apprentissage dans une ferme bio, à Saint-Geneys-près-Saint-Paulien (Haute-Loire). Il y a Moctar Kaba, apprenti depuis le 1er octobre à la boulangerie L'Écureuil à Malakoff (Hauts-de-Seine). Il y en a beaucoup d'autres. Leur point commun ? Tous font l'objet d'une obligation de quitter le territoire français, délivrée par la préfecture de leur lieu de résidence, alors qu'ils ont trouvé en France un emploi, ou une formation. Et tous sont soutenus par leur employeur, ou leur famille d'accueil, ou les deux.

Tous ces combats sont rassemblées sur cette page Facebook, Patrons solitaires. La page a été montée par Stéphane Ravacley. Son nom ne vous dit rien ? Un peu de mémoire, c'est ce boulanger de Besançon, qui a mené une grève de la faim (victorieuse) afin d'obtenir un titre de séjour pour son apprenti guinéen, Laye Traoré (je vous en parlais ici en janvier dernier, ce n'est pas vieux). Pour la rubrique Comme personne de France Culture, Diane Berger a eu la bonne idée de retourner le voir. Et de le faire poser à côté de l'œuvre qui trône dans la boulangerie : "Une statue de cheval, grandeur nature, en pièces de métal recyclé : des assiettes, des conserves, des boîtes de fer concassées, façonnées pour leur redonner une seconde vie". Le cheval, parce que son père, dit-il, a eu jusqu'à douze poulinières dans l'écurie familiale.

Pourquoi, son combat gagné, a-t-il créé cette page Facebook ? "Quand je commence quelque chose, j'aime le finir, dit Stéphane Ravacley. Je me suis rendu compte qu'il y avait des milliers de gamins comme Laye en France. Et ça fait partie de mon job, maintenant, d'être l'avant-garde d'un combat qu'on traîne depuis des mois : tant qu'il y a des gamins qui sont en centre de rétention alors qu'ils avaient un travail et des familles qui les accueillaient, le combat obligatoirement doit être défendu"

"Obligatoirement", dit-il. "Finir le job", dit-il. Le boulanger Ravacley ne tient ni un discours moral, ni un discours politique. Il y a un job, il faut le terminer. Dans son reportage, Diane Berger file la métaphore de l'ours bourru. Mais Stéphane Ravacley tient aussi du cheval comtois, "qui tire sa charrue sans fléchir. Et aujourd'hui, sa charrue, ce sont ces adolescents". Je rêverais qu'Éric Zemmour (qui vient de faire condamner sa chaîne à une amende de 200 000 euros pour avoir déclaré que les mineurs étrangers "sont voleurs, assassins et violeurs") ou Alain Finkielkraut, et tous ceux qui à juste titre promeuvent les ancestrales valeurs des terroirs français, et le bon sens paysan, et le goût du travail bien fait, invitent Stéphane Ravacley. Cela donnerait des rencontres intéressantes. Mais Stéphane Ravacley considérera certainement qu'il a mieux à faire, et il aura raison.

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