La vie après, ou la vie avec ?
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La vie après, ou la vie avec ?

Dans la politique en confinement, il y a les débats publics, et les combats de l'ombre. Sur France Inter ce matin, la présidente du Haut Conseil pour le Climat (HCC), la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré, rappelle la nécessité de sortir du carbone. "Ce n'est pas le moment de soutenir l'aviation coûte que coûte", préconise le rapport que le HCC vient d'envoyer au gouvernement, dont j'extrais cette forte phrase : « Cette catastrophe sanitaire nous rappelle de manière brutale notre fragilité. Elle montre le peu d’attention que l’on prête aux alertes, le manque de préparation et de prévention, mais également les conséquences de choix politiques qui ont conduit, depuis plus de quarante ans, à des transformations écologiques, sociales et économiques majeures produisant ces vulnérabilités ». Voilà pour le débat public.

Et puis il y a les combats de la coulisse. Ah les petits coquins ! Dans l'ombre, apprend-on également ce matin, notamment dans Le Monde aussi, le MEDEF et l'AFEP (la très discrète association des plus grands patrons du CAC 40) s'activent en sens inverse. Au nom de la sacro-sainte reprise, il faudrait "infléchir les normes environnementales, notamment sur les émissions industrielles de CO2". Ils s'activent auprès de la commission européenne, comme l'a révélé une note publiée par Contexte. Mais aussi auprès du gouvernement français. Je cite Le Monde : "Lors d’une réunion du comité stratégique de filière automobile, organisée le 25 mars avec la secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’économie et des finances, Agnès Pannier-Runacher, Luc Chatel, ex-ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy et président de la Plateforme de l’automobile (PFA), le lobby qui regroupe 4 000 entreprises du secteur, aurait demandé une « pause » dans l’évolution des normes d’émissions de dioxyde de carbone, fortement durcies en 2020-2021".

Bref, dans l'ombre et la lumière, le combat pour "le monde d'après" fait rage. Il se joue aujourd'hui même, alors que vous lisez ces lignes. Un combat vain, ou secondaire ? C'est la question que pose dans Le Point le politologue Arnaud Mercier, pour qui il est moins urgent de penser "le monde d'après" le virus, que "le monde avec". Penser un monde durablement sans bises ni poignées de mains, sans cafés ni restaurants à horizon prévisible, penser les amphis des facs, les stades, les concerts, les expos, l'entrée sur le marché du travail, sous la menace durable du virus.

Faire le deuil du monde familier d'avant est tout sauf une démarche facile et spontanée. Spontanément, notre cerveau terrifié se réfugie dans "l'avant", le connu. Faut-il faire symétriquement le deuil d'un "monde d'après", terrain d'expérimentation de toutes les utopies ? Faut-il concentrer toutes ses capacités d'anticipation sur les modalités les plus raisonnables d'une vie sous contrainte ? Mon intuition matinale serait qu'il faut s'efforcer de penser les deux à la fois. Si l'on est en état de penser, ce qui n'est pas donné à tout le monde.


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