"50 centimes les saucisses ! ": TF1 et France 2 nous emmenaient ensemble, mardi soir, au coeur de la nouvelle image de la crise : un marché à la sauvette aux produits alimentaires périmés.

Légitimement sidérés par ces scènes, les envoyés spéciaux de TF1 et de France 2 ne le savent peut-être pas, ou l'ont oublié, mais ce vide-grenier de la misère se tient de toute éternité à la Porte Montmartre, à deux pas du marché aux Puces de Clignancourt, où les touristes américains enthousiastes viennent chiner les antiquaires. On y vendait plutôt de vieux habits, les jouets cassés des enfants, des lots de fourchettes ou d'assiettes à dessert. Depuis combien de temps certains de ces vendeurs ont-ils adjoint au vide-grenier quelques produits alimentaires ? Quelle proportion de ces produits sont périssables (on voit dans le reportage de France 2 des produits laitiers, mais aussi des nouilles) ? Combien existe-t-il exactement en France de semblables marchés ? Pourquoi Pujadas et Ferrari le découvrent-ils exactement le même soir, à la minute près ? Ce sont quelques uns des nombreux mystères de l'information.

Peu importe. Le temps n'est pas à l'enquête. Ces Puces sauvages aux produits avariés tombent trop bien. Le vide-grenier des vieux yaourts offre un trop beau contrepoint à l'éternelle langue de bois lénifiante sur la crise. Il offre aussi une trop belle suite à la floraison de reportages récents sur les glaneurs des poubelles des supermarchés, et sur les magasins proposant des produits "proches de la date de péremption", pour que les chaînes y aient résisté. Le feuilleton d'abord, l'enquête viendra ensuite.