Brésil : la routine des tête à queue
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Brésil : la routine des tête à queue

Les vols entre le Brésil et la France sont suspendus "jusqu'à nouvel ordre", a annoncé hier Jean Castex à l'Assemblée, avant que l'on apprenne ce matin que c'était seulement "jusqu'au 19 avril". Il était temps. Même si l'explosion de l'épidémie au Brésil de Bolsonaro aurait dû inquiéter depuis longtemps, c'est seulement depuis quelques jours que les médias français s'y montraient sensibles. Pourquoi ce retard ? Le pouvoir des chiffres ronds, avance le journaliste indépendant Vincent Glad, le Brésil ayant passé le 6 avril "la barre des quatre mille morts quotidiens". Peut-être aussi une image virale a-t-elle joué un rôle : cette "main de Dieu", double gant rempli d'eau tiède enserrant la main des mourants, inventée par un hôpital local pour leur donner l'illusion d'une présence humaine.

Il était temps (bis) : sans mesure forte, les risques existent de voir le variant P1 brésilien (plus de deux fois plus transmissible que la souche initiale) remporter à échéance de quelques mois la course sur le variant "britannique", dominant aujourd'hui en France. Je dis "le" variant P1, ce qui est approximatif : ce sont plusieurs dizaines de variants qui contaminent aujourd'hui au Brésil des malades de plus en plus jeunes. Pour ceux qui en ont le courage, lire ce fil d'un auteur qui avait alerté exactement de la même manière, le 7 janvier dernier, sur le danger du variant "britannique" (notre propre alerte datait du 3 janvier).

Dans les jours précédant la décision annoncée par Castex, deux ministres s'étaient prononcés contre cette suspension des vols. Le premier, Clément Beaune, secrétaire d'État aux Affaires européennes, en expliquant que ces arrivées étaient quantité négligeable. "Il y a très peu d'arrivées : d'habitude vous avez près de 50.000 personnes qui arrivent du Brésil, on est à 1.000 par semaine aujourd'hui"Le second, le ministre des transports Jean-Baptiste Djebbari (entre deux remises de légions d'honneur à des présidents d'aéroclubs) en expliquant, faussement, qu'une telle suspension était impossible légalement (le Conseil d'État avait annulé le mois dernier une mesure dans le même sens, c'est vrai, mais le propre du Conseil d'État est de s'adapter aux circonstances). A noter que selon Djebbari, le nombre d'arrivées n'était plus que "d'une cinquantaine par jour" (ce qui, soit dit en passant, suffit amplement à contaminer un territoire).

Allez savoir pourquoi, à écouter ces derniers jours Beaune et Djebbari, la suite me semblait déjà écrite. Voir le gouvernement réagir avec plusieurs jours de retard aux alertes scientifiques portées par les réseaux sociaux est devenu une habitude. Voir en conséquence le mensonge d'un jour devenir vérité du lendemain, sur la nécessité des masques ou l'efficacité d'AstraZeneca, nous y sommes maintenant habitués, depuis un an. Le tête-à-queue est devenu notre routine.

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