Valls , d'une Marianne l'autre
Le matinaute
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chronique

Valls , d'une Marianne l'autre

La mode est à dire du mal de Twitter,

et des trous béants dans sa politique de modération. Mais tout de même, un media qui permet à une simple historienne d'administrer à chaud une leçon d'Histoire au Premier ministre, n'est pas totalement mauvais. Donc hier soir, au cours d'un meeting officiel près de Toulouse, sous haute protection policière, le burkicide Manuel Valls s'est envolé : "Marianne, le symbole de la République, elle a le sein nu parce qu'elle nourrit le peuple. Elle n'est pas voilée parce qu'elle est libre. C'est ça, la République !"

Il n'en fallait pas plus pour inspirer à Mathilde Larrère, historienne à Paris-Est, spécialiste des Révolutions (invitée au printemps dernier de Hors-Série), un cours magistral improvisé. Et sur un point particulier : l'histoire du sein de Marianne, couvert, découvert, recouvert, au fil des représentations au XIXe siècle. En 23 tweets imparables, voici résumée l'histoire : les Républicains "opportunistes" ( de droite) ont sagement couvert son sein, quand les Républicains "radicaux" (de gauche) le découvraient. Voici pourquoi la statue de la place de la République, à Paris, a les seins couverts, quand celle de la place de la Nation en découvre un sur deux (n'exagérons tout de même pas). Avec cette grille de lecture, Valls serait donc l'héritier des Républicains radicaux, ce qu'on appellerait aujourd'hui la gauche de la gauche. Passons. Accessoirement, notons que toute cette démonstration mammaire n'aurait pu être administrée sur Facebook, qui l'aurait censurée dès l'apparition de la première image.

Marianne sage...

 

...et Marianne découverte

Sur un point, je me permettrai de discuter une des remarques de Mathilde Larrère. "Evidemment, conclut-elle (tweet 22), tout ce qui se joue là est l'image qu'on veut donner de la République, et pas du tout ce qu'on veut dire des femmes !!!!" Oui. Certes. Peut-être. Mais au-delà de l'objet symbolisé, toute cette magistrale démonstration illustrée trahit une autre histoire : l'instrumentalisation par des hommes (sculpteurs, peintres, commanditaires politiques, etc) du corps de la femme, à qui par ailleurs, comme le rappelle Larrère, aucun n'envisageait à l'époque de donner une capacité civile, ou le droit de vote. Sois libre et débraille-toi, sois soumise et recouvre-toi : hier comme aujourd'hui, une injonction succède à l'autre. Sur ce plan comme sur bien d'autres, rien n'a changé.

République-Nation

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