Baupin : la photo de trop
Le matinaute
Le matinaute
chronique

Baupin : la photo de trop

Si on comprend bien les témoignages de plusieurs des femmes

victimes de harcèlement et d'agressions sexuelles du vice-président de l'Assemblée (ex-EELV) Denis Baupin, et qui s'expriment ce matin dans la remarquable enquête de France Inter et Mediapart, le prédateur aurait pu continuer à prédater longtemps, s'il n'y avait eu la photo de trop, celle-ci :

Baupin s'affichant, rouge aux lèvres, au côté d'autres élus, à l'occasion du 8 mars 2016, en combattant contre les "violences faites aux femmes". C'est cette photo "qui m'a fait vomir" (Elen Debost, adjointe au maire du Mans), qui a "été un électrochoc" (Sandrine Rousseau, membre de la direction de EELV) qui les a décidées à parler.

N'eût été cette photo, Baupin aurait pu continuer à serrer dans les couloirs, et à bombarder ses victimes de textos graveleux. Sur les raisons profondes de ce silence, elles sont, à EELV, tristement semblables à ce qu'elles sont dans une entreprise banale. Ne pas se mettre en danger, ne pas s'exposer à l'incrédulité. Se sentir coupable, aussi, d'avoir pu "jouer le jeu". "Le côté culpabilité de les accepter (les textos, ndr), d'y répondre parfois, parfois pas" dit Elen Debost. Avec, toutefois, un petit bonus EELV : ne pas nuire à l'image d'un parti réputé féministe, ni à l'efficacité du combat. N'empêche : ce dossier sur les agressions sexuelles en politique, que nous avons ouvert en 2011 après l'affaire DSK, si nous avions pensé l'alimenter un jour par des articles sur EELV !

Pourtant, l'Omerta n'était pas totale. Une universitaire, Vanessa Jérôme, avait recueilli des rumeurs sur un "DSK des Verts". La présidente de la commission féminisme de EELV, Dominique Trichet-Allaire, avait recueilli, elle, des "témoignages", assure Mediapart. Et puis ? Et puis pas grand chose. A en croire Mediapart, une adresse mail avait été mise en place à destination des journalistes ayant dû subir le harcèlement éventuel d'élus Verts. Et pourtant, les victimes ont assisté au grand déballage qui a suivi l'affaire DSK : elles n'ont pas parlé. Elles ont forcément lu, l'an dernier à cette époque, l'appel du "Collectif Bas les pattes", signé par 40 journalistes politiques femmes, contre le harcèlement sexuel des politiques : elles n'ont toujours pas parlé.

Il aura fallu, donc, la photo. Ce moment où s'affiche l'impunité triomphante. Ce moment où, victime, je fais face, non à mon harceleur en chair et en os, dans les réunions du parti, mais à l'image publique irréprochable qu'il entend donner. Les soubresauts de la conscience sont imprévisibles.

Partager cet article Commenter

 

Cet article est libre d’accès
En vous abonnant, vous contribuez
à une information sur les médias
indépendante et sans pub.

Déjà abonné.e ?

Lire aussi

Voir aussi

Ne pas manquer

DÉCOUVRIR NOS FORMULES D'ABONNEMENT SANS ENGAGEMENT

(Conditions générales d'utilisation et de vente)
Pourquoi s'abonner ?
  • Accès illimité à tous nos articles, chroniques et émissions
  • Téléchargement des émissions en MP3 ou MP4
  • Partage d'un contenu à ses proches gratuitement chaque semaine
  • Vote pour choisir les contenus en accès gratuit chaque jeudi
  • Sans engagement
Devenir
Asinaute

5 € / mois
ou 50 € / an

Je m'abonne
Asinaute
Généreux

10 € / mois
ou 100 € / an

Je m'abonne
Asinaute
en galère

2 € / mois
ou 22 € / an

Je m'abonne
Abonnement
« cadeau »


50 € / an

J'offre ASI

Professionnels et collectivités, retrouvez vos offres dédiées ici

Abonnez-vous

En vous abonnant, vous contribuez à une information sur les médias indépendante et sans pub.