Eolas, et autres dédoublés de Twitter
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Eolas, et autres dédoublés de Twitter

Deuil national dans la principauté des gazouillis : Eolas a suspendu son compte Twitter.

Condamné pour diffamation et injure, à la suite d'un tweet scatologique nocturne, et d'une accusation un peu hasardeuse contre des cyber-réacs, l'avocat-blogueur, habitué de nos plateaux, a suspendu son compte sans explication. En tête du cortège des esseulés, Pascale Robert-Diard, du Monde (nous les avions reçus ensemble, ça ne nous rajeunit pas) veut penser qu'il reviendra. Prions.

A la vérité, il y a sur la Toile (faut-il vraiment dire "il y avait" ?) deux Eolas. L'Eolas blogueur, exégète hors-pair d'un jugement ou d'un arrêt, fin connaisseur de la jurisprudence, et dont Robert-Diard a raison de dire qu'il est devenu le juriste de référence français. Plusieurs fois, ici, sur le site, incertains de savoir comment interpréter une péripétie judiciaire, nous nous sommes demandés "qu'en dit Eolas ?" comme on se demandait naguère "qu'en dit Le Monde ?" Ainsi un avocat, qui ne détient pas un des plus gros cabinets de Paris, qui ne défend ni ministres ni patrons ni roi du Maroc, devient-il, par la baguette magique d'Internet, une autorité, une référence.

Et puis, il y a (il y avait ?) le twittos Eolas, descendu dans l'arène, racontant les longues gardes à vue de ses clients, ses démêlés avec la police ou le parquet, mais aussi ferraillant contre les uns et contre les autres, toujours en moins de 140 signes. Etait-ce bien le même ? Quel étonnement, de voir le roi des codes Dalloz poser ses doubles foyers, et empoigner, gling gling, pim pam poum, son sabre de bois.

Eolas n'est pas le seul. Dans cette étonnante galerie de dédoublés, il rejoint cette poignée de journalistes français qui sont devenus les mousquetaires de Twitter. Ah, le Twitter des journalistes, cette cour de récré pour grandes personnes, où ils redeviennent les gamins qu'ils étaient : cabochards, frimeurs, cafteurs, rois de la déconne, et parfois déconfits du "c'est lui qu'a commencé, Msieu".

Est-ce un bien ou un mal pour l'information ? On peut évidemment déplorer que Twitter incite à une baisse de niveau du débat. Comment développer une argumentation sérieuse en 140 signes ? Comment éviter la prime à la plus grande gueule, au plus teigneux, au plus acharné ? Comment ne pas déplorer, au nom du sacro-saint "niveau", les gamineries d'un Thomas Wieder, accrédité du Monde à l'Elysée, faisant un selfie ahuri dans le bureau d'Obama, lors d'une visite officielle de Hollande ?

Mais ce dévoilement a aussi un aspect positif. Les comptes Twitter d'honorables journalistes d'honorables journaux, comme Jean Quatremer, de Libération, ou Arnaud Leparmentier, du Monde, nous aident à mieux les connaître. Qui les a vus narguer, à coups de selfies provocateurs, Mélenchon et les mélenchonniens, aura désormais du mal à prendre leurs articles au sérieux, et à ne pas voir dans leurs développements pontifiants le prolongement de leurs gamineries, par d'autres moyens. Au total, cet aperçu de trou de serrure est instructif pour les lecteurs, ainsi dotés d'un instrument leur facilitant le travail, plus utile que jamais, de déconstruction.

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