Les barbichettes de Bruxelles
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chronique

Les barbichettes de Bruxelles

Un homme seul. Sans parti, sans organisation, sans argent, sans lobby

, il sera peut-être néanmoins celui qui aura permis d'en finir avec l'interdiction, en France, des syndicats dans l'Armée. On vous racontait hier comment le long combat du colonel de gendarmerie (et chercheur) Jean-Hugues Matelly avait abouti à la condamnation de la France par la Cour Européenne des Droits de l'Homme, pour l'interdiction faite aux militaires de se syndiquer. Quand la France se conformera au jugement, elle rejoindra ainsi certains pays européens, mais pas tous : selon un rapport sénatorial français, si la syndicalisation des militaires est autorisée en Allemagne, en Belgique, aux Pays Bas ou au Royaume Uni, elle reste interdite en Espagne, en Italie, ou au Portugal. Exemple éclatant, mais ce n'est pas le premier, dans lequel une juridiction européenne aura permis une avancée des libertés en France. Exemple éclatant des bienfaits des institutions européennes.

Dans le même temps, le Parlement européen auditionne les candidats aux postes de commissaires, dans la nouvelle commission Juncker. Le Parlement européen, c'est cette instance réélue au printemps, lors d'une morne campagne dans laquelle on s'est évertué à expliquer que les institutions européennes devaient être plus "lisibles" pour les citoyens. Tentons donc de lire. La France y présente, au poste de commissaire européen à l'Economie (celui qui est chargé de faire respecter leurs "engagements" aux pays membres) l'ancien ministre français Pierre Moscovici. C'est Hollande, qui a bataillé ferme pour faire passer la candidature Moscovici. Or Moscovici est auditionné le lendemain du jour où le gouvernement de Hollande annonce que la France, dans son budget 2015, ne respectera pas le fameux plafond des 3% de déficit. Donc, Moscovici pose sa candidature à un job dont l'essentiel consistera à taper sur les doigts de Hollande, qui l'a fait ministre, puis commissaire européen. Vous me direz que c'est un gag. Non, ce n'est pas un gag. C'est la duplicité des rapports entre commission et Etats membres, poussée à son paroxysme.

Mais ce n'est pas tout. Cette comédie se double d'un apparent chantage entre droite et sociaux-démocrates (qui pourtant soutiennent tous Juncker). La droite présente au poste de commissaire à l'action climatique et à l'énergie un Espagnol, Miguel Canete, dont la femme détient des intérêts dans des compagnies pétrolières. Si la gauche devait faire obstacle à sa nomination, la droite, en vertu du fameux principe de la barbichette,  promet de se venger sur Moscovici. La question est donc de savoir si Mosocovici, au final, sera victime d'un chantage à la barbichette, sous couvert de vigilance sur les comptes publics, ou l'inverse. Réponse (peut-être) la semaine prochaine. De la lisibilité variable des institutions européennes.

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