Barthès, et la tombade de Fabius
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chronique

Barthès, et la tombade de Fabius

Cette tombade de Fabius en Algérie, quelle rigolade, tout de même. Yann Barthès ne s'en lasse pas.

Regardez comme il pique du nez, là, pendant la réunion avec le ministre algérien de l'industrie et des mines, regardez bien, vous le voyez ? Vous voulez qu'on vous mette une flèche ? Regardez mieux, le meilleur est à venir, il va carrément sortir du champ de la caméra, voilà, il sombre, comme on rigole ! Et ce sourire mécanique, quand il se réveille. Trop drôle, vraiment. Tiens, on vous le repasse encore une fois. Et la télé algérienne ? Vous voulez qu'on vous montre comment la télé algérienne a allumé Fabius ? Voici l'extrait. Oui oui, vous avez bien entendu : les Algériens ont rappelé que Bouteflika, lui, ne s'est jamais endormi en public. Un comble : voilà qu'on dédouane les Algériens d'avoir réélu un moribond.

Comme tous les objets médiatiques dignes d'intérêt, cette séquence du Petit journal sur Fabius est une savonnette, qui échappe à toute considération univoque. On peut tout en dire, et son contraire. Elle est à la fois obscène (cette lourde insistance d'un éternel post-adolescent sur la faiblesse d'un corps vieillissant) et légitime (tout dire, tout montrer, c'est le rôle de contrepouvoir des medias). Elle tape à la fois juste (cet assoupissement, comment le nier, est une grossièreté diplomatique sans nom) et totalement à côté (se consacrant deux soirs de suite à l'affaire de la tombade, le Petit journal, par exemple, ne dit pas à ses spectateurs que Fabius, durant ce voyage, et entre deux siestes, a aussi obtenu des Algériens qu'ils autorisent enfin la visite du juge Trévidic pour enquêter sur l'assassinat des moines de Tibhirine, après deux visites annulées).

Mais comme d'habitude dans le commentaire d'un objet médiatique, il est parfois plus éclairant de porter l'attention sur ce qu'il n'est pas, ce qu'il ne dit pas, plutôt que sur ce qu'il dit. Quelques heures avant la diffusion de ce numéro du Petit journal, on apprenait que la nouvelle conseillère pour l'économie de François Hollande, Laurence Boone, était par ailleurs chroniqueuse au journal de Nicolas Beytout, L'Opinion, où elle étrillait la timidité du gouvernement dans la conduite des réformes libérales (ce qui est son droit) et membre du conseil d'administration du géant du luxe Kering (ex Pinault) (ce qui pourrait poser un léger problème de conflit d'intérêt dans ses nouvelles fonctions). Le Petit journal n'en a pas fait une séquence. On le comprend, c'est beaucoup moins drôle. Il est donc peu probable qu'il le fasse, sauf si un jour la conseillère manque une marche du perron de l'Elysée, ou se gratte en public. Il faudra être vigilant.

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