Le Sarkoleaks, ou l'amère ratification
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Le Sarkoleaks, ou l'amère ratification

Stupéfiante découverte ! Buisson dictait donc à Mougeotte les manchettes du

Figaro. Difficilement croyable : Guéant pilotait le parquet dans l'affaire des sondages de l'Elysée (relire notre dossier complet pour se rafraîchir la mémoire), avec un certain succès, le parquet ayant classé sans suite en 2010 la plainte d'Anticor, au prix de remarquables acrobaties juridiques. De plus en plus stupéfiant : Sarkozy et son petit aréopage resserré (Buisson, Goudard, Louvrier, Carla) n'avaient que peu d'estime pour la plupart des ministres de Sarkozy, jugeant celle-ci nulle, et celui-là incapable d'articuler trois mots. Je ne vais pas vous donner le détail des enregistrements Buisson, dont Le Canard et Atlantico ont commencé la publication. Il est partout. Et il le sera encore davantage dans les heures, les jours qui viennent. Achetez un gros paquet de pop corn, vous n'avez plus qu'à vous donner la peine de vous installer -et de trier l'anecdotique (beaucoup) et l'important (quelques gouttes).

De quelle nature, dans cette affaire, est notre plaisir, ou notre satisfaction ? Il ne s'agit pas de révélations. Nous n'apprenons rien, à proprement parler. Et sans doute, nous n'apprendrons pas grand chose. Du mépris étalé (pour la littérature, les fonctionnaires, les chercheurs, les juges, etc) au reality show, le Sarkozistan décomplexé avait fait de l'ostentation sa griffe. Le mépris, le cynisme, qui suintent des premiers enregistrements divulgués, étaient le ciment psychologique revendiqué du groupe dirigeant. Rien à voir avec la divulgation des enregistrements Nixon, dans l'affaire du Watergate, dans laquelle le peuple américain avait découvert avec stupeur et dégoût que le président, dans le secret du bureau ovale, disait merde et con.

C'est plutôt de ratification, qu'il s'agit. Et une ratification presque...déprimante. Déprimant, oui, de voir la réalité si bien épouser le contour des fantasmes qu'elle les surpasse, les efface, les ternit rétrospectivement. On aura passé cinq ans, ici, et sur quelques autres sites, à tenter de trouver les mots pour décrire l'effroi du Sarkozistan, mais en gardant toujours, à l'égard de cet effroi, un fond de méfiance. Tout de même, c'était trop gros pour être vrai. Et voilà que surgissent des poubelles des dialogues si directement démarqués de nos fantasmes, qu'ils semblent avoir été co-écrits par Pétillon, et les Guignols de Canal+. On était fiers de notre culot : on n'était que des bisounours. Les enregistrements Buisson sont un reflet tellement fidèle de nos reconstitutions d'alors, qu'ils n'offrent comme première réaction que l'amère satisfaction d'avoir tout vu, tout deviné, et tout compris sans rien pouvoir empêcher.

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