Quand les otages pulvérisent l'écotaxe
Le matinaute
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chronique

Quand les otages pulvérisent l'écotaxe

On était prêt à la mise à mort du gouvernement, bien saignante

, sur la "suspension" de l'écotaxe devant la jacquerie bretonne. On était prêt. Lâcheté, incohérence, on était prêts à zapper de plateau en plateau pour boire le dégoût jusqu'à la dernière goutte, et les obscènes leçons de morale de la droite, et l'humiliation muette ou rageuse des écolos, et la lâcheté insondable du gouvernement, et les Bretons même pas contents qui exigent la mise à mort, tout prêt à s'en repaître, à savourer la descente aux enfers du hollandisme. On était prêt à trépigner de mépris devant le défilé des blafards qui promettraient que non non, ce n'est que partie remise, on prend le temps de réfléchir, on va évidemment s'y remettre, comment en douterait-on ? On se sentait désespéré, furieux, tout gonflé d'une joie mauvaise.

Et soudain, déboule comme au bowling une actualité heureuse : la libération de quatre otages au Niger. Strike ! Voici que l'hystérie s'investit ce soir ailleurs qu'où on l'attendait. Des yeux qui s'écarquillent dans la lumière, de la joie, des larmes des proches, le rêve éveillé, je n'y croyais plus, je n'y crois pas encore, je n'y croirai pas tant qu'il ne sera pas là, tant que je ne le toucherai pas, le 20 Heures la presse, cette joie, jusqu'à la dernière goutte. Quant à Hollande, le lâche, la serpillère, le voici tout d'un coup transmuté en héros du désert qui a suivi sa stratégie, et n'a jamais fléchi, y a cru jusqu'au dernier instant, saluez le grand capitaine de guerre, le patient renard des sables, l'homme du courage qui évidemment -comment oser même poser la question ?- n'a jamais payé de rançon.

Et l'écotaxe, donc ? Deuxième sur le podium. Poulidor de la soirée. Reléguée dans "le reste de l'actualité", au moment où on souffle enfin d'avoir si bien vibré avec les familles d'otages. La voici dépouillée de toute charge affective, ramenée à un recul parmi tant d'autres, une péripétie, qui nous laisse avec le constat accablé que nous n'avons pas de place, dans notre pauvre petit cerveau, pour deux hystéries simultanées, et antagonistes.

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