La spirale de la déroute
Le matinaute
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chronique

La spirale de la déroute

Honte sur le matinaute ! J'avais laissé passer sans la voir

une interview fondamentale, celle de Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, à Libération lundi dernier. Oui, lundi dernier. Patrick Cohen la citait ce jeudi matin, sur France Inter, au ministre de l'intérieur Claude Guéant. Il est exceptionnel qu'une interview survive quatre jours à la frénésie des agendas. Que disait donc Le Maire, qui justifie ce passage à la postérité ? "Il faut avoir l'humilité de reconnaître que dans ce que nous avons fait, il y a eu de vraies réussites, mais aussi des échecs". Waowww ! Le Maire ne précisait pas quels sont ces échecs, et on ne le lui demandait pas. Mais cette seule reconnaissance est assez transgressive, pour servir de coin aux journalistes qui le voudront, afin de faire craquer la Sarkozie en déroute.

Des coins, on pourrait en trouver d'autres, comme cette vidéo virale de la campagne 2007 qui resurgit, et dans laquelle Sarkozy reconnaissait à l'avance comme un échec de ne pas faire redescendre le chômage à 5% de la population active. "Et c'est aux Français d'en tirer les conséquences", reconnaissait-il alors avec un admirable fair play. Chiche qu'on la lui repasse ! Et il est probable qu'on en découvre encore beaucoup d'autres, tant est irrésistible la dynamique de la déroute.

Les plus vieux matinautes, familiers des présidentielles, savent reconnaître et apprécier la spirale familière de la fin janvier, celle de la déroute du favori déchu. Giscard en 81, Barre en 88, Balladur en 95: certitudes qui se craquèlent, suffisance qui sonne soudain creux, déballonnement des entourages, confidences ravageuses de moins en moins "off", sauve-qui-peut général. Compte tenu de la personnalité de l'actuel titulaire, la déroute 2012 promet une saveur particulière, dont donne un avant-goût l'escamotage en catastrophe, lors du "sommet social" de mercredi, des deux fusées de détresse du début d'année, la "TVA sociale", et le fameux "pacte compétitivité emploi". Cohen demandait à Guéant quel serait le principal sujet de fierté de Sarkozy. Surprise: il n'était ni économique ni sécuritaire, c'était "l'autonomie des universités". Et le principal échec, donc ? Débat sur l'identité nationale ? Discours de Grenoble ? Guéant éludait encore, prêt à mourir droit dans ses bottes. Tiens, un grand geste d'altruisme. Si le pouvoir acculé cherche à tâtons l'impossible discours, nous avons un modèle pour lui. Il est là. Et pour passer commande, c'est ici.

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