Olivennes, patron embarqué
Voilà le patron d'Europe 1 qui monte dans l'avion de Sarkozy, en partance pour la Libye, et voyage avec le chef de l'Etat, à l'aller et au retour, sans prévenir sa propre rédaction, nous apprend Le Canard enchaîné. Olivennes est un récidiviste. Alors directeur de l'Obs, le même avait déjà provoqué la fureur de sa rédaction précédente en accourant à la convocation téléphonique du même Sarkozy un dimanche, pour courir recueillir ses passionnantes confidences, en présence de son seul directeur de la rédaction. Il y a aussi une malédiction du poste: Elkabbach, ancien patron d'Europe 1, est aussi un grand habitué des embarquements présidentiels.
Il est vrai que c'est embêtant, une rédaction. C'est plein de journalistes qui, aussi sympathiques soient-ils, ne peuvent s'empêcher de poser des questions de temps en temps. Et non seulement Olivennes n'a pas prévenu sa rédaction, mais il a même refusé de saisir la perche aimablement tendue par cette rédaction, de raconter à l'antenne ce voyage historique. C'est dommage: à en croire le Canard enchaîné, toujours, le voyage du retour aurait donné lieu à une franche explication au sommet entre Juppé et BHL (Rwanda, Bosnie, tout y est passé), en présence de Sarkozy et, donc, d'Olivennes. Sur cette conversation, et sur les aménagements intérieurs du fameux "Sarko One" (a-t-il goûté aux pizzas cuites au four à 75 000 euros ?), il en aurait pourtant eu des choses à raconter, Olivennes !
On dira: Olivennes n'est que le patron d'Europe 1. Après tout, ajoutera-t-on, les journalistes d'Europe 1 peuvent continuer de dire ce qu'ils veulent, en toute liberté, et leur directrice de la rédaction, Arlette Chabot, veille farouchement sur cette liberté. C'est exact, à quelques menues exceptions près. Par exemple, ils ne peuvent pas dire, sous peine de débarquement, que leur patron était embarqué dans l'avion de Sarkozy. Ils ne peuvent pas dire que le voyageur a refusé de raconter son voyage à l'antenne. Et même Nicolas Canteloup, l'intrépide Canteloup, si drôle quand il se moque d'Elkabbach ou de Bruce Toussaint, s'est bien gardé d'aborder le sujet. C'est l'avantage de ces faits divers, de dissiper périodiquement les mirages de la fausse impertinence.
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