Drouelle, Massenet, et "les gens"
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chronique

Drouelle, Massenet, et "les gens"

Youpi ! Fabrice Drouelle est de retour.
 
Depuis l'affaire, la catastrophe, le cataclysme, l'Armageddon du "nuage de cendres", chaque matin le journal de 8 heures de France Inter donnait des nouvelles de son présentateur, "bloqué à Chypre". On se réveillait, on mordait son poing, on souffrait avec lui. Enfin le revoici ! Et comme par hasard, il ouvre son journal en nous donnant des nouvelles de ses ex-compagnons de bagne, les encore bloqués, avec quelques mots bien sentis pour nous faire partager l'enfer de ces naufragés des halls departures, leur désespoir de voir l'alignement des vols "cancelled" sur les panneaux d'affichage, ou de se heurter à la mine "parfois aimable comme une porte de prison" des agents des guichets d'embarquement.

Ces quelques mots bien sentis, en ouverture du journal de 8 heures, faisaient repenser à ceux de la chroniqueuse du Grand Journal de Canal+, Ariane Massenet, l'autre soir, face à Christian Mahieux, secrétaire général de Sud Rail, invité par l'émission à célébrer les obsèques de la-grève-qui-n'a-servi-à-rien. "Mais quand même, quand vous avez vu le bordel général dans les aéroports, je m'excuse, je n'ai pas d'autres mots, vous n'auriez pas pu la suspendre, votre grève, quelques jours, rien que quelques jours, pour aider les gens, le temps que la situation se rétablisse ?" s'exclamait Massenet, faisant appel, avec une évidente sincérité, à ce qui pouvait tout de même subsister d'humanité, au fond du fond du dur des durs de la SNCF.

Drouelle, Massenet : comme ils sont touchants, dans leur incapacité enfantine à imaginer que tous "les gens" ne soient pas à leur image ! Des fois, on aimerait les prendre à part, gentiment, tendrement, pour leur expliquer que non, tous "les gens" ne partent pas une semaine en Egypte, à Chypre ou aux Seychelles. On leur expliquerait que oui, parfois, il peut arriver que le personnel au sol des aéroports, cette classe internationale des larbins du tourisme de masse, puisse nourrir des sentiments, comment dire, mélangés, à l'égard des voyageurs, de leurs éternels bagages en surpoids, de leurs récriminations, de leurs exigences sonores, de leur aveuglement bienheureux. On aimerait leur faire entrevoir que, comme l'écrit joliment une rampante, "un monde sans avions, c'est plutôt sympathique, vu de nos pieds de rampants assignés à résidence par des contingences économiques soi-disant indépassables". Non pour les faire changer, ni renoncer à un seul jour à Chypre, ou aux Seychelles. Mais pour leur montrer, une fois, une seule, qu'il est possible d'avoir "un autre point de vue".


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