Oublier Zemmour ?
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Oublier Zemmour ?

La liberté d'expression est sauve : aux petites heures de la matinée

, la France soulagée apprend que Le Figaro garde Eric Zemmour (si vous étiez sur Mars, rattrapez-vous ici). "L'entretien préalable" auquel il avait été convoqué est annulé. Il aura suffi que Zemmour s'excuse, et se défende d'avoir voulu choquer, pour amadouer Mougeotte et Dassault. Merveille des repentirs sincères ! Si Zemmour faisait du scandale prémédité le moteur de sa télégénie, en effet, ça se saurait ! Qu'importe qu'il s'excuse à côté, et ne retire rien de la phrase, prononcée chez Ardisson ("la plupart des trafiquants sont des Noirs et de Arabes"). Qu'importe qu'il lance contre Ardisson, pour brouiller les pistes, l'accusation manifestement fausse d'avoir inséré un plan au montage de l'émission. Il s'excuse. On n'a rien entendu. Le Syndicat des Martyrs Omniprésents (SMO) perd un membre fondateur. Circulez !

Une petite confession matinale : en apprenant que Zemmour avait reçu de la direction du Figaro une convocation préalable à un licenciement, j'aurais adoré compatir spontanément. Le licenciement d'un journal, pour abus de liberté d'expression, je connais. Même au-delà des divergences d'opinion, comme on dit, j'aurais adoré me dresser, comme un seul homme, en faveur du confrère menacé, par ailleurs un gars que j'ai un peu pratiqué dans le temps, humainement plutôt rigolo. Mais j'ai eu du mal. Les articulations n'ont pas suivi. Il m'est difficile, c'est vrai, de considérer comme un martyr de la liberté d'expression quelqu'un qui dispose d'une chronique quotidienne sur RTL, du pouvoir de dézinguer tout ce qui passe chez Ruquier, et que l'on s'arrache quand il publie un livre.

Son livre, justement. "Oui, mais il ose dire des vérités interdites" avancent les zemmouriens. Pardon, amis. Ne reculant devant aucun sacrifice, je suis en train de lire ce dernier livre, Mélancolie française. A petites doses : c'est un long soliloque de bistrot après les heures d'ouverture, inspiré comme le sont parfois les soliloques de bistrot, s'enroulant sur lui-même en interminables arabesques, se regardant écrire comme dans le miroir derrière le comptoir, dans lequel se ramassent à la pelle les perles sentencieuses et les raccourcis fulgurants, comme celui-ci, page 109 (je n'en prends qu'un, sinon on y passerait la journée), à propos de Pétain: "louangé pour avoir attendu les Américains en 1917, il est vilipendé pour avoir refait le même choix en 1940". Ah bon ? L'unique reproche adressé à Pétain par l'Histoire serait donc "d'avoir attendu les Américains" ? Et Montoire ? Et le statut des Juifs ? Et la rafle du Vel d'Hiv ? Pas entendu parler, Eric ?

Il se trouve aussi, dans le même temps, que j'ai lu un autre livre, "la loi du ghetto", par mon confrère du Monde Luc Bronner (Calmann-Lévy). Bronner est certainement, aujourd'hui, l'un des meilleurs connaisseurs en France, dans les médias, sur le dossier des quartiers "sensibles", comme on dit. Vous l'avez vu chez Ardisson ? Vous l'avez entendu chez Ruquier ? Et pourtant, sur cette question des "tabous", il en dit bien davantage que Zemmour, et d'une manière plus nuancée. Ah ! Voilà son crime : il nuance. L'hyper-médiatisation des polémistes bidon, est certainement une des perversions les plus criminelles, du système médiatique d'aujourd'hui.

PS : vous l'aurez compris, nous avons invité Luc Bronner sur notre plateau de cette semaine, pour aborder forntalement, sans tabous, de la manière la plus politiquement incorrecte possible, etc etc, cette question : sur l'immigration, aujourd'hui, en France, y a-t-il des vérités interdites ? Avec lui, la démographe Michelle Tribalat, et le sociologue Didier Lapeyronnie. Bref, les questions de fond posées par l'affaire Zemmour. Mais sans Zemmour.

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