, organisé hier par Obama, restera dans les annales de la communication politique. Sept heures de table ronde entre Démocrates et Républicains, le tout arbitré par un Obama à la fois animateur et débatteur : la politique et la télé réconciliées, pour le meilleur.

Ils ne sont pas tombés d'accord ? Non. Cela n'aura pas fait progresser la loi ? Peut-être pas. Le but était ailleurs : à la fois d'honorer une promesse de campagne (Obama avait promis que ces négociations se dérouleraient en toute transparence, mais avait dû se résoudre à laisser se dérouler des marchandages de couloir, non filmés, entre Démocrates et Républicains), et de prendre les Américains à témoin, avant l'épreuve de force finale. A témoin de l'affrontement brut entre Démocrates et Républicains, de la logique et des arguments de chacun des deux, camps en se passant de la médiation, toujours suspecte, de la presse.

On imagine bien les objections que formulera le pouvoir médiatique : peu d'Américains, au total, auront regardé ces sept heures de débats. Notre rôle, à nous lémédias, est toujours indispensable, pour en fabriquer la synthèse. Sans doute. La mise à disposition de l'événement brut ne supplante pas le raffinage journalistique. Mais l'événement brut est désormais à la disposition de tous. A chacun, ensuite, de prendre ses responsabilités, et de consacrer le temps qu'il souhaite à son information. La technologie permet désormais de réaliser, à moindre coût, cette utopie : aller le plus loin possible dans la transparence sur le fonctionnement de tous les pouvoirs, exécutif, législatif, et judiciaire. On attend avec impatience l'équivalent français, sur la réforme des retraites, sur le réchauffement, sur toutes sortes de sujets jugés trop complexes pour que les citoyens aient droit à autre chose qu'à une information prémâchée.

Pour une semaine, le matinaute compte fermement se transformer en grassmatinaute. Retour le 8 mars.