Ce n'est plus une majorité, c'est un congrès de sémaphoristes ! Ils craignent de se perdre de vue, dans le brouillard ? Episode du jour : Copé décide subitement de présenter une proposition de loi-burqa dès janvier pour devenir "numéro un sur la burqa" (entendu sur Europe 1). A en croire cette analyse du Parisien, cette pré-annonce est "un signal fort". Qui sera assorti lors du vote de cette fameuse loi (c'est à la fin du même article) d'un autre "signal fort" de l'Assemblée, en faveur "du respect du droit des femmes". Ouf !

"Le jour où il y aura autant de minarets que de cathédrales en France, ça ne sera plus la France" estime le même jour le député Pascal Clément, ancien garde des sceaux, au comptoir de la buvette de l'Assemblée lors d'une réunion du groupe UMP. A n'en pas douter, cette forte phrase est en elle-même un signal fort. L'entendant, Nora Berra, secrétaire d'Etat aux zénés comme chacun l'ignore, claque la porte de la salle. Elle a voulu (explique-t-elle sur Europe 1, que j'écoute beaucoup ces jours-ci, en raison de la grève de France Inter) adresser...devinez quoi : "un signal fort", évidemment.

Ne sachant guère jongler avec la collection complète de dictionnaires étymologiques d'Anne-Sophie, je suis incapable de vous éclairer sur les origines du mot "signal". Quelques déductions, pourtant, de philologue amateur. Le signal fort, ainsi souvent désigné par son propre émetteur, a pour première caractéristique de se revendiquer fort, qu'il se mesure en millions de dollars, ou s'exprime par le retrait d'un amendement. Mais il a beau être fort, ce n'est qu'un signal, c'est à dire un geste fugace, ne laissant pas obligatoirement de trace dans la durée. Peut-on aller jusqu'à dire que la capacité à produire du "signal fort" est inversement proportionnelle à la capacité d'agir ? Peut-on avancer l'hypothèse que la vocation première du "signal fort" est de dissimuler (fortement) une action contradictoire, et qu'il constitue donc une variante sophistiquée du fumigène ? Je vous laisse méditer cette esquisse de théorème. Jusqu'au 4 janvier, le matinaute se place en mode "pause intermittente" (c'est nouveau). Il reviendra ici délivrer un "signal fort" si l'actualité le pousse à sortir de sa torpeur.