L'attaque (manquée) de Fillon contre Envoyé Spécial
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L'attaque (manquée) de Fillon contre Envoyé Spécial

C’était l’une des cibles de François Fillon lors de son opération déminage du Penelope Gate.

Lundi, lors de sa conférence de presse, le candidat LR s’en est pris au magazine Envoyé Spécial, coupable selon lui d’avoir diffusé jeudi 2 février des extraits d’une interview accordée en 2007 par Penelope Fillon au Daily Telegraph. Dans les rushs retrouvés par les journalistes de France 2, l’épouse de celui qui venait alors d’entrer à Matignon expliquait : "Je n’ai jamais été son assistante ou quoi que ce soit de ce genre. Je n’ai jamais géré sa communication."

De quoi fragiliser un peu plus la ligne de défense de Fillon. Mais ce lundi, devant près de 300 journalistes, Fillon a tenté de désamorcer la phrase explosive exhumée par Envoyé Spécial affirmant que cette déclaration "a été reprise dans une émission à charge, où on a sciemment pris des morceaux de phrases, retirées de leur contexte… ". Concernant l’interview originale de 45 minutes parue à l’époque sur le site du Telegraph, Fillon s'efforce d'expliquer qu'il s'agissait d'une interview "en langue anglaise, qui s’adressait à un public anglais, et où au fond le sujet de l’interview était : «Je ne serai pas Cherie Blair»". Et le candidat LR d’ajouter, à la tribune: "Je dois d’ailleurs vous indiquer que la journaliste qui a accompli cette interview s’est manifestée personnellement auprès de mon épouse pour lui dire à quel point elle était choquée par l’utilisation qui avait été faite des morceaux de cette interview."

La journaliste du Telegraph "choquée" par l’utilisation "hors contexte" de son interview de 2007 par l’émission Envoyé Spécial? Kim Willsher, la journaliste qui à l’époque a mené l’interview de Penelope Fillon pour le Telegraph n’a pas tardé à démentir l’affirmation de Fillon. "Je tiens à le dire très nettement: je n’ai jamais dénoncé l’enquête d’Envoyé Spécial. Ils ont fait leur boulot", a-t-elle aussitôt expliqué à Libération ce lundi. Dans la foulée la journaliste publie deux tweets, explicites : "Non, Monsieur Fillon! Les propos d’Envoyé Spécial n’ont pas été sortis de leur contexte. Le reportage ne m’a pas choqué. SVP cessez de m’attribuer ces propos faux."

Fillon ne va pas tarder à répondre. "Madame @kimwillsher1 a bien écrit à mon épouse. Elle regrettait que des déclarations soient publiées hors contexte", écrit-il dès lundi soir sur son compte Twitter. A l'appui de son affirmation, le candidat LR dégaine deux courriels envoyés par la journaliste à la femme de Fillon. Dans ces courriels, Willsher écrit à Penelope Fillon: "je tiens à vous dire à quel point je suis désolée que cette interview, faite de bonne foi, ait été utilisée contre vous. Je suis aussi fâchée que certains éléments de l’interview aient été repris et publiés hors de leur contexte."


Avantage Fillon ? Non, car à bien y regarder, on peut constater que ces deux mails sont en réalité datés du 30 janvier et du 2 février, avant la diffusion d’Envoyé spécial. Quant à "la colère" de Willsher vis-vis d’éléments publiés "hors contexte" ? La journaliste ne s’en prend pas dans ces courriels à l’émission Envoyé Spécial qu’elle affirme d’ailleurs n’avoir pas visionnée (et de fait, l’émission n’avait pas encore été diffusée au moment de l’envoi de ces mails). A quoi fait donc référence Willsher lorsqu’elle déplore auprès de Penelope Fillon "des éléments repris et publiés hors contexte" ? "Kim Willsher s’en prend en fait à deux articles publiés par le Canard enchaîné (le 25 janvier) et Marianne (le 27 janvier)", explique ce mardi le responsable du service Désintox à Libération qui précise : "avant que l’équipe d’Envoyé spécial ne mette la main sur les rushs de l’interview de Penelope Fillon, les deux hebdomadaires avaient eux publié des extraits du portrait de Penelope dans le Telegraph."

Marianne et le Canard ne s'étaient pas appuyés sur la vidéo de l’entretien, laquelle n’est aujourd’hui plus consultable sur le site du Telegraph, mais sur l’article-portrait du quotidien britannique, quant à lui, toujours en ligne. Dans un autre tweet adressé à Fillon et publié ce lundi, Willsher est formelle: "Je regrette le 30/01 que le Canard et Marianne ont prise les lignes de mon ITV avec votre femme hors de context (sic)."


Dans la foulée, la journaliste a publié une série de tweets dans laquelle elle regrette que ses "messages de sympathie" à Penelope aient "été utilisés" contre elle par Fillon pour jeter "un écran de fumée" sur les faits. "Les mails de Kim Killsher datent tous d'avant la diffusion de jeudi. Depuis qu'elle a vu notre reportage, elle nous soutient", a réagi la présentatrice du magazine de France 2 Elise Lucet sur Twitter. "On est surpris que François Fillon attribue des propos à la journaliste anglaise pour faire croire que nous avons mal fait notre travail", regrette pour sa part le journaliste d'Envoyé spécial Tristant Waleckx. La société des journalistes de France 2 déplore dans un communiqué "une remise en cause du professionnalisme d'une émission de service public reconnue (...) totalement infondée".

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