Voitures brûlées : manips de chiffres ? (Le Monde)
Brève

Voitures brûlées : manips de chiffres ? (Le Monde)

Le Monde conteste la comptabilisation par le ministère de l’Intérieur du bilan des voitures brûlées lors de la nuit du Nouvel An.

Chaque année, le ministère de l’Intérieur publie le "bilan des voitures brûlées" de la nuit de la Saint-Sylvestre. Et à en croire la Place Beauvau, les chiffres du millésime 2016/2017 sont plutôt bons : 650 "mises à feu directes", contre 602 l’an passé. Un phénomène "contenu" par rapport au réveillon 2015/2016, estime le ministère.

Le communiqué du ministère de l'Intérieur

Un petit jeu de tromperie statistique du ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux que Les Décodeurs du Monde se sont amusés à démonter ce lundi 2 janvier. Le quotidien explique que Le Roux a "brusquement changé de thermomètre" par rapport à ses prédécesseurs en évoquant, non pas le nombre total de véhicules brûlés, mais les "mises à feu directes". Le Roux a donc omis les véhicules enflammés par propagation, c'est-à-dire ceux situés à côtés des voitures incendiées directement.

Pour retrouver le nombre total de véhicules brûlés, Le Roux ayant évoqué "une baisse de 20% sur les cinq dernières années", Le Monde a sorti sa règle à calcul, en se fondant sur les chiffres communiqués les quatre années précédentes. Résultat : 945 voitures brûlées, au total, le soir du réveillon cette année...

Pourquoi l'Intérieur a-t-il oublié ce chiffre dans son communiqué ? Question de pourcentages : selon les chiffres donnés par le ministre - ceux des "mises à feu directes" -, le phénomène n'est en augmentation "que" de 8% par rapport à l'an dernier. Si l'on prend le nombre total de véhicules brûlés, on obtient une hausse de 17,5% par rapport au réveillon passé !

Pour le porte-parole de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, "il n’y a pas de volonté de dissimuler", a-t-il assuré au Monde. Le chiffre des mises à feu directes est l’indicateur le plus pertinent, car il correspond au fait délictuel. Les autres véhicules ne sont pas tous détruits, certains ne sont atteints que légèrement."

Impossible de dénombrer le nombre d'incendies volontaires

Ce n’est pas la première fois que le bilan des voitures brûlées est contesté. Au réveillon 2008, Europe 1 révélait que les chiffres officiels avaient été largement sous-estimés (372 contre 1 147 en réalité), obligeant la Place Beauvau à corriger le tir.

Si ces chiffres cristallisent tant de polémiques, c'est qu'il est impossible "de dénombrer avec exactitude le nombre d’incendies volontaires de véhicules", rappelait en 2013 l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP). L'Observatoire dispose en effet de quatre sources différentes (la police, la Police-secours, les sapeurs-pompiers et les chiffres des assurances), qui ne permettent pas d'obtenir "un ordre de grandeur précis" du nombre de véhicules brûlés chaque année.

Enfin, un article de Rue89 datant de 2012 rappelle que la traditionnelle annonce des chiffres des voitures brûlées du Nouvel An s'était brutalemment arrêtée en 2010, sous Brice Hortefeux et Claude Guéant, qui invoquaient, à l'époque, le risque de "surenchère" et de "compétition entre villes". Une initiative qui n'a pas duré : l'annonce de ces chiffres a repris en 2012, sous l'impulsion de l'ex-futur-candidat-Premier-ministre, ministre de l'Intérieur à l'époque, Manuel Valls, afin de ne "pas banaliser des actes qui sont une forme de violence insupportable contre les biens".

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