iTELE, après la grève : "J'essaye d'enterrer cette chaîne"
Brève

iTELE, après la grève : "J'essaye d'enterrer cette chaîne"

Arrivé à iTELE en février en 2016, Matthieu Beigbeder fait partie des dizaines de journalistes qui ont quitté la chaîne suite au long mouvement de grève opposant la rédaction à la direction. Il publie cette semaine un long texte sur la plateforme de blog Medium, où il raconte la mort, et le deuil, de la chaîne d'info en continu.

Medium, 3 décembre 2016

Matthieu Beigbeder est entré à iTELE en février 2016. Il l'a quittée neuf mois plus tard, au terme d'un mouvement de grève qui a décimé la rédaction, confirmé la présence de Morandini à l'antenne et donné les pleins pouvoirs à Serge Nedjar, l'homme de confiance de Bolloré, à la fois directeur de la chaîne et de la rédaction.

Dans un long texte publié sur la plateforme Medium,Beigbeder revient sur ce mercredi 16 novembre, dernier des 31 jours de grève. "Antoine [Genton - président de la SDJ d'iTELE] dit ces derniers mots en chialant. Silence dans la rédaction. Je n’ose pas ravaler ma salive ni ma peine. Antoine est secoué de larmes. Notre homme de tout, de tous les combats, de toutes les générosités, pleure parce que c’est la fin. Tout le monde le sait. Antoine le sait. Je le sais. Aujourd’hui, i-Télé meurt".

Le journaliste se souvient de ces premiers mois passés au sein de la chaîne. "Quand j'ai mal appris à avaler des couleuvres, quand lors d’un papier sur l’état de la liberté de la presse dans le monde, on m’efface un paragraphe qui mentionnait spécifiquement la France, Bolloré et la concentration des médias". Ou quand il a vu "toute la rédaction imprimer l’article des Inrocks sur Jean-Marc Morandini". Il se souvient aussi des dernières semaines, "quand iTELE a fini de pousser son cri d'agonie", "quand Jean-Michel se lançait dans des tirades magnifiques en AG", "quand Antoine Genton vacillait", mais aussi quand "Pascal Praud rôdait, mains derrière le dos et face derrière ses verres, jamais proche de l'AG, jamais loin du bureau de Nedjar".

Et maintenant qu'iTELE est morte ? "J’essaye d’enterrer i-Télé. J’essaye de me dire que mon passage ici ne se compte qu’en mois. J’essaye d’imaginer ce que ça doit faire quand ça se compte en années (...) J’essaye de ne plus trop y penser, mais c’est dur. J’essaye d’enterrer i-Télé, mais c’est dur. J’apprends à me dire que peut-être tout ça était une chance. Que pour une fois dans ma vie, j’aurais des images concrètes à poser sur les mots «indépendance» et «déontologie», ces mots mille fois répétés, brandis en étendard de la profession mais qui manquent cruellement d’être explicités", conclut le journaliste.

Selon Le Monde, sur une rédaction composée voici un mois de 120 permanents, 75 chèques de départ ont déjà été signés, et au moins six autres personnes envisagent de partir d’ici au 23 décembre, date butoir fixée aux partants. La direction s'est engagée à remplacer tous ces départs, dans les quatre mois. En attendant, l'audience s'est effondrée (passant de 0,8% en septembre à 0,4% en novembre) et la chaîne, contrainte de diffuser principalement des anciens sujets, a été doublée par LCI.

L'occasion de relire notre article : "Protocole d'accord iTELE : les (minces) acquis de la grève" et de revoir notre émission avec Guillaume Auda, ex-reporter de la chaîne : "Morandini était notre ligne rouge"

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