iTELE : "Aucun plan social" (mais 50 départs forcés)
Brève

iTELE : "Aucun plan social" (mais 50 départs forcés)

Un plan social voire une "destruction de la rédaction" à iTELE ? Non, une simple... "mise en conformité" avec la loi, à en croire Vincent Bolloré et le président du directoire de Canal+, qui prétextent d'une inspection du travail pour justifier 50 départs forcés.

Avec 50 départs forcés sur les 200 salariés que compte iTELE, la baisse d’effectifs est massive pour la chaîne d’info en continu du groupe Canal+. "C'était d'une violence inouïe, a même dénoncé Roselyne Bachelot, pourtant chroniqueuse de D8 (groupe Canal+), sur RMC. On a vécu, dans le pôle gratuit de Canal+, un plan massif de licenciements, avec 50 personnes sur les 200 que compte iTELE qui ont été virées, enfin, dont les contrats n'ont pas été renouvelés. Je suis avec des gens dans les couloirs qui se demandent comment ils vont payer leur loyer."

Pourtant, à en croire Vincent Bolloré, président du groupe, et Maxime Saada, son directeur général, interrogés mercredi par le Sénat, il n’y a eu "aucun plan social" ni "licenciement" et encore moins une "destruction de la rédaction". Saada expliquait ainsi au sénateur PS David Assouline que les 50 postes étaient des CDDU, pour Contrats à durée déterminée d’usage. Concrètement, il s’agit de CDD reconductibles de façon illimitée (et sans délai de carence ni indemnité de fin de contrat), réservés à certains secteurs, dont l’audiovisuel. Saada expliquait donc que par souci de "rationalisation" (baisse des coûts), les CDDU n’avaient simplement "pas été reconduits", ce qui est le "principe" même de ces contrats.

Le président du directoire de Canal+ Jean-Christophe Thiery avance une toute autre explication à ces départs. "On le fait à la demande de l'inspection du travail, pour se mettre en règle avec la loi", assurait-il ainsi aux sénateurs. Une justification, pour le moins étonnante, reprise par Bolloré : "La fin des CDDU à @itele, si j'ai bien compris, c'est l'inspection du travail." Mais les deux responsables ont surtout fait semblant de mal comprendre l’inspection du travail, comme le souligne Ozap : celle-ci ne demandait en aucun cas le non-renouvellement des contrats... mais leur requalification en CDI (le CDD d’usage étant interdit "pour pourvoir des emplois liés à l’activité normale et permanente de l’entreprise").

Une "explication" pour le moins cynique, qui rappelle une autre ligne de défense de Saada : interrogé sur les départs de cadres d'iTELE et les inquiétudes sur l'indépendance de la rédaction, le directeur répète à l'envi que les journalistes de la chaîne d'info "disent eux-mêmes qu'ils sont libres, parfois trop libres". Une interprétation toute personnelle des propos du président de la société des journalistes d'iTELE et Canal+, Olivier Ravanello, qui dénonçait une "rédaction en autogestion" depuis l'éviction de la direction en septembre 2015 : "Les [nouveaux] nommés à la tête de la chaîne ne connaissent pas l'info en continu. Ils ne prennent aucune décision, ne participent pas aux conférences de rédaction et ne sont quasiment pas dans les murs."

L’occasion de lire notre article : Fin de "Special Investigation" ? Bolloré ne répond pas au Sénat

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