L'Obs : bataille de tribunes autour du licenciement de Lancelin
Brève

L'Obs : bataille de tribunes autour du licenciement de Lancelin

Politique ou pas le licenciement de Aude Lancelin, numéro 2 de L'Obs et responsable des pages "Débats" de l'hebdo ? Depuis le 25 mai, intellectuels et dirigeants de l'hebdomadaire se renvoient la balle, à coup de tribunes. Dernier en date : Jean Daniel, fondateur historique de l'Obs, qui s'étonne que des universitaires cèdent ainsi à des "thèses complotistes".



Pour eux, pas de doute : c'est un licenciement politique. "Très" politique même. Mercredi 25 mai, dans Libé, une quarantaine d'intellectuels (parmi lesquels Emmanuel Todd, Julia Cagé, Alain Badiou, Jacques Rancière ou François Bégaudeau) ont publié une tribune pour soutenir Lancelin.

"On lit, en effet, dans la presse qu’il y aurait eu un conflit entre la prétendue ligne de M. Croissandeau, dite «de toutes les gauches», et celle d’Aude Lancelin que certains ont voulu mensongèrement réduire à la «gauche de la gauche». Il suffit de lire les éditoriaux dudit directeur de la rédaction pour s’apercevoir que «toutes les gauches», ce sont, en fait, les seules «gauches» de Hollande, Valls et ­Macron…", écrit le collectif.

Six jours plus tôt, Libé sous-entendait en effet que Lancelin aurait été virée pour avoir fait battre le coeur de l'Obs un peu trop à gauche. "Cette décision a été prise la veille d’un conseil de surveillance réunissant le 11 mai les actionnaires du titre : le trio Pierre Bergé, Xavier Niel, Matthieu Pigasse (deux tiers du capital) et Claude Perdriel, le cofondateur historique (un tiers)", écrivaient en effet les journalistes Tristan Berteloot et Jérôme Lefilliâtre.

"La chose est donc clairement signifiée" pour le collectif : "Toutes les gauches n’ont pas droit de cité dans certains journaux de gauche. Il fallait par conséquent en chasser la personne qui leur donnait la parole. Cette opération de police intellectuelle ne prend pleinement son sens qu’à la lumière de l’élection de l’année prochaine que François Hollande, dont la candidature est désormais un secret de polichinelle, envisage visiblement avec appréhension. Et avec le souci que ce qu’il considère comme «sa» presse soit en ordre de marche, c’est-à-dire débarrassée de toute voix dissonante. Propriétaires des médias, les actionnaires de groupes qui vivent en symbiose avec l’Etat sont là pour comprendre les instructions. Et les faire exécuter."

L'Obs au chevet de François Hollande ? Sur le site de L'Obs, le directeur du magazine, Matthieu Croissandeau, a tenu à démentir ces accusations : "La récente publication d’une tribune aux accents conspirationnistes, imaginant une conjuration ourdie au sommet de l’Etat pour mettre L’Obs aux ordres de l’Elysée, n’a donc pas manqué de nous faire réagir. Tout simplement parce qu’elle est diffamatoire et mensongère." "J’ai pris la décision, en toute indépendance, de remanier l’équipe de direction du journal pour des raisons d’efficacité qui tiennent à notre organisation interne, rien de plus. N’en déplaise aux adeptes de la théorie du complot…", explique-t-il aussi dans cette tribune.

Dernier, mais pas des moindres, à entrer dans la bataille des tribunes : Jean-Daniel, co-fondateur du l'hebdomadaire, qui dénonce à son tour, dans Libé, "l'insoutenable légèreté des calomniateurs de l'Obs" : "Je suis consterné par les romans bâtis par ces pétitionnaires sur les motivations soi-disant politiques du renvoi de notre consœur Aude Lancelin, dont j’ai publiquement regretté le procédé (...) Le procès que l’on nous fait est aberrant et les universitaires qui viennent de lui apporter un appui ont cédé aux thèses complotistes dont on fait les romans."

Ce procédé soulignerait, selon Daniel, le "caractère sectaire et militant de ses inspirateurs". "Il est important de savoir qu’auprès de moi, Matthieu Croissandeau n’a jamais argué de différences idéologiques avec Aude pour expliquer les désaccords profonds qui ont fini par le conduire à se séparer d’elle".

On s'arrête là ? Non, car la société des rédacteurs du Monde a publié, vendredi 27 mai, un communiqué pour "déplorer", à son tour, le "licenciement brutal" de Lancelin. "Nous réaffirmons le principe de l'indépendance de la rédaction à l'égard de ses actionnaires - et du pouvoir politique", peut-on lire dans ce communiqué qui se termine en rappelant que Le Monde détient 2% de l'Obs et que les actionnaires majoritaires du groupe Le Monde (Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse) sont par ailleurs actionnaires de référence de l'Obs.

L'occasion de lire ou de relire la chronique de notre matinaute : "Obs : de quoi Aude Lancelin est-elle le nom ?"

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