"L'auto-satisfaction" du New York Times (selon sa médiatrice)
Brève

"L'auto-satisfaction" du New York Times (selon sa médiatrice)

Depuis quatre ans, elle était la médiatrice du plus prestigieux quotidien américain. Avant de quitter le New York Times pour rejoindre le Washington Post, la journaliste Margaret Sullivan s’est fendue d’un dernier billet dans les colonnes du quotidien, intitulé "Cinq choses qui ne me manqueront pas en quittant le Times – et sept qui me manqueront". Si elle y loue la qualité du journal et l’éventail de talents qui le constituent, elle dénonce en revanche sur la prétention du Times à incarner l’alpha et l’oméga du journalisme contemporain.


Médiatrice pendant quatre ans du New York Times, Margaret Sullivan s’apprête à quitter le quotidien pour rejoindre la rédaction du Washington Post comme chroniqueuse média. Celle qui fut chargée de relayer les préoccupations des lecteurs et de porter un regard critique sur le traitement journalistique de son quotidien, a publié le 15 avril un dernier billet.

Sullivan y dresse la liste "des choses" qui lui manqueront et de celles qui ne lui manqueront pas à l’heure de quitter le quotidien. Sullivan vante "la profondeur et la largeur de vue" du quotidien, "son éventail de talents, sa riche histoire, sa présence dans le monde entier et la qualité générale de son journalisme." Egalement au rang des points positifs, elle loue l’intelligence et l’implication des lecteurs du Times, mais aussi "l’indépendance éditoriale totale" dont elle a pu bénéficier sous la houlette du directeur de la publication, Arthur Sulzberger Jr.

L'excellence en question

A l'inverse, Sullivan fustige l'autosatisfaction du quotidien, "l’idée que tout ce que fait le Times, est par définition, bien". Elle critique ainsi le Times pour : "avoir initalement sous-estimé l'importance des Panama Papers, ne pas avoir couvert les premiers jours du procès Chelsea Manning (alors connue sous le nom de Bradley Manning), avoir détaché un reporter pour suivre Hillary Clinton plus de trois ans avant l'élection, et ne pas avoir creusé dès le début le sujet de la crise de l'eau à Flint dans le Michigan." Autant de manquements qu'elle avait eu l'occasion d'épingler dans ses précédentes chroniques. Sa conclusion ? "Aussi excellent soit-il, le New York Times verse trop souvent dans l'auto-satisfaction."

Dans son billet, la médiatrice revient également sur l’attitude défensive de certains journalistes à l’égard de toute critique. "Beaucoup de journalistes du Times ont du mal à reconnaître leurs erreurs. Personne n’aime être critiqué, moi non plus. Mais étant donné le pouvoir démesuré du Times, ses reporters et ses rédacteurs devraient avoir l’obligation de reconnaître lorsqu’ils ont des progrès à faire."

Une autre critique formulée par Sullivan tient à la complaisance de certains articles envers les plus riches, "ces articles qui célèbrent les excès des 1%" Pour exemple récent, la journaliste cite un sujet "immobilier" publié le 5 mars dernier relatant la lubie de certains riches propriétaires "qui estiment avoir besoin de disposer tout à la fois d'un pied à terre à New York, d'une maison de plage à The Hamptons, d'une villa de ski à Aspen et d'une résidence d'hiver à Miami." Dérangeant, estime Sullivan qui évoque en contraste l'extrême dénuement de certains habitants de New York. Dans son billet, la médiatrice ne manque pas non plus d'étriller certains articles qui semblent spécialement calibrés en vue de concourir pour le Pulitzer et autres prix de journalisme. "Il y a des signes révélateurs : ces sujets sont très longs, trés élaborés et représentent clairement le résultat de plusieurs mois de travail. Jusqu'ici tout va bien, mais bien sûr, on les voit apparaître juste avant la fin de l'année, aussi connue pour être la période de rendu des prix ", constate Sullivan.

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