Sexisme / Festival d'Angoulême : polémique et recadrage
Brève

Sexisme / Festival d'Angoulême : polémique et recadrage

Le festival d’Angoulême aime les femmes… dessinées par des hommes ?

Sur les trente noms que la direction artistique du festival international de BD a sélectionnés pour le Grand prix 2016, on trouve de nombreux incontournables : Charles Burns, Jean Van Hamme, Alejandro Jodorowsky ou les (plus jeunes) Riad Sattouf et Joann Sfar. Problème : pas une seule femme ne figure dans cette sélection.

Le Collectif des créatrices de bande dessinée contre le sexisme publie alors un communiqué pour s’élever "contre cette discrimination évidente, cette négation totale de notre représentativité dans un médium qui compte de plus en plus de femmes". Le collectif rappelle par ailleurs "que depuis 43 ans, Florence Cestac est la seule femme à avoir reçu cette distinction" et que "Claire Brétecher, pilier du Neuvième Art, n’a elle-même jamais reçu le Grand Prix". Et pour cause, l’année dernière il n’y avait par exemple qu’une seule femme nommée pour le prix, l’auteure de Persepolis, Marjane Satrapi.

Dans la foulée, Riad Sattouf annonce sur Facebook qu’il demande à "être retiré de la liste" pour "céder [sa] place à par exemple, Rumiko Takahashi, Julie Doucet, Anouk Ricard, Marjane Satrapi, Catherine Meurisse". Au total, dix auteurs sur les trente nommés ont fait part de leur souhait d’être retirés de la liste, comptabilise Le Monde : Daniel Clowes, Joann Sfar, Charles Burns, Pierre Christin, Etienne Davodeau, Christophe Blain, François Bourgeon, Chris Ware et Milo Manara.

Sans doute pour ne pas prêter encore davantage à polémique, les équipes du Festival ont procédé, entre hier et aujourd'hui, à un léger... recadrage d'une illustration. Les responsables du site du festival ont ainsi modifié un cadrage bien réducteur d’un dessin de François Bourgeon. Comme l’a noté un scénariste de BD, Maël Rannou (@sinaute de longue date), l’aperçu de la page consacrée à l’auteur des Passagers du vent, visible sur la page de vote (réservée aux professionnels du secteur), est passé d’un plan serré sur la poitrine d’une héroïne, à un plan sur son visage.

Avant et après recadrage, entre mardi 5 et mercredi 6 janvier (Capture http://grandprix.bdangouleme.com/)

Le Festival va "introduire de nouveaux noms" d'auteures

Aujourd’hui, le Festival a enfin publié un communiqué intitulé "Le Festival d'Angoulême aime les femmes... mais ne peut pas refaire l'histoire". Un communiqué qui pourrait bien ne pas calmer la polémique : "le Grand Prix vient couronner un.e auteur.e pour l'ensemble de son oeuvre et sa contribution à l'évolution de la bande dessinée, insiste le communiqué. [Or] force est de constater qu'il y a très peu d'auteures reconnues […] Il est objectivement beaucoup plus rapide de compter leurs auteures (presque sur les doigts de la main) que leurs auteurs."

Les responsables du Festival précisent au passage que les femmes représentent encore aujourd’hui moins de 15% de la production de BD. D’ailleurs les deux seules femmes ajoutées à la liste ces deux dernières années, Marjane Satrapi et Posy Simmonds, "ont recueilli très peu de votes et sont arrivées dans les dernières", assure le festival, et "c’est ainsi qu’elles ont été sorties de la liste". Malgré tout, le Festival va quand même "introduire de nouveau des noms d’auteures dans la liste des sélectionnés au titre du Grand Prix 2016" et ce "sans enlever aucun autre nom".

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