Après avoir bien travaillé, il s'est "endormi", puis "réveillé". Sur son compte Twitter, il raconte qu'il est "fatigué". Aujourd'hui il "souffle sa première bougie" sur la comète Tchouri - c'est Le Monde qui le dit. C'est pourtant bien d'un robot dont on parle : Philae. Depuis qu'il a atterri sur la comète "Tchouri", le 12 novembre 2014, "le robot-laboratoire de 100 kg à l'allure de boîte de conserve est devenu une star, voire un héros des réseaux sociaux", analyse le Huffington Post.

Comment ? D'abord, en racontant en quasi-direct sur Twitter son atterrissage et ses premières découvertes sur la comète : "Atterrissage ! Voici ma nouvelle adresse: 67P !" (le 12 novembre 2014), puis en mettant en scène ses discussions avec la sonde Rosetta : "@ESA_Rosetta Je me sens un peu fatigué, tu as reçu toutes mes données ? Je devrais peut-être faire une sieste" (le 14 novembre 2014).

Philae "un peu fatigué", tweet du 14 novembre 2014

Mais si ces messages ont été suivis et si le dialogue a si bien pris (plus de 30 000 personnes ont retweeté son "réveil" le 14 juin - "Allô la Terre, me recevez-vous ?"), c'est que l'ESA avait, en amont, construit un personnage et une histoire à suspense. Support privilégié pour donner corps à ce personnage : Youtube. C'est là que l'agence a posté une série de petits films, traduits dans plusieurs langues, où Philae et Rosetta sont représentés par de petits personnages dotés d'yeux, de bouches, de bras et de jambes, qui alternativement sourient (lorsqu'ils se "réveillent", contactés par la Terre), s'inquiètent (de savoir où atterrir) et s'émerveillent (des découvertes de Philae sur la comète "Tchouri"). Elles ne sont certes regardées que par quelques milliers de personnes (20 000 vues par épisode environ), mais constribuent à installer un personnage et un "ton" :

Vidéo postée par l'Agence spatiale européenne le 22 juillet 2014

Une personnalisation et un registre émotionnel assumés par le service de communication de l'agence spatiale : "Nous avons décidé de mettre l'accent sur la dimension humaine de la mission, parce que nous pensions que les gens pourraient expérimenter l'espoir, les craintes et la joie que nous ressentions, ils pourraient ainsi faire le lien avec leurs propres émotions, s'impliquer et suivre la mission", raconte au Huff Post Markus Bauer, l'un des responsables de la communication de l'agence spatiale. Alors que douze mois ont passé depuis son atterrissage sur la comète "Tchouri", les conditions pourraient bientôt être réunies pour un nouveau contact avec Philae. Le robot, si la sonde Rosetta parvient à échanger avec lui, sera-t-il content, ému ou fatigué ? L'ESA nous le dira.